Tous ceux qui de près ou de loin ont eu à travailler pour un patron savent
ce qu’est l’Inspection du travail. Issue des voeux du CNL après la
Libération, elle remplit de multiples missions profitables aux salariés :
Contrôler l’application de la réglementation du travail lors de conflits
collectifs, conseiller et informer les employeurs, les salariés et les
représentants du personnel sur leurs droits et obligations. La Direction
générale du travail (DGT) doit trancher en matière de harcèlement moral,
harcèlement sexuel, discrimination, violence au travail, gestion des
grèves, sanctions disciplinaires, conflits en matière de représentants du
personnel, etc. Vaste programme!
Chaque département est divisé en sections d’inspection du travail
déterminées en fonction des effectifs des salariés. Comme le reconnaît
lui-même le site de la DGT, « il est difficile pour un salarié ou un
employeur de se faire conseiller dans les meilleurs délais par
l’Inspection du travail ; en effet celle-ci ne dispose que de 427
inspecteurs du travail et 815 contrôleurs, soit 1250 agents de contrôle
pour 15 millions de salariés du privé…» Comme on le voit, en cette période
de délinquance patronale où l’on profite à qui mieux mieux de la fable de
la Crise pour délocaliser, fermer ou déménager à la cloche de bois, la DGT
a du pain sur la planche.
Mais c’est encore trop et Jean-Denis Combrexelle, son actuel et inamovible
directeur, a su persuader notre ministre du Travail de réorganiser cette
entreprise de justice sociale obsolète et coûteuse. Son projet est brutal
et significatif : supprimer les permanences locales ouvertes au profit de
plateformes téléphoniques centrales et déshumanisées, «éclater » les
postes des inspecteurs et contrôleurs du travail, insuffler par le haut
des « actions prioritaires » et une «politique travail » par le biais des
Direccte – usines à gaz centralisées complètement déconnectées des
plaintes des salariés. En clair, rogner l’autonomie des inspecteurs,
transformer le service en simple guichet au profit des entreprises et
vider de son contenu l’un des derniers remparts à la voracité et au
cynisme financier des entreprises.
Ça sent le (Michel) sapin pour la DGT. Le Code du travail est dans le
collimateur, ils ont juré d’avoir sa peau. Les décideurs ne s’embarrassent
plus de titatas et ne prennent même plus la peine d’avancer masqués. Que
les politiciens au pouvoir – qu’ils se disent de «droite» ou de «gauche» –
soient les valets crevant de trouille des riches, des banques et du
Medef est plus que jamais une évidence. Et, plus que jamais, seule la rue
peut en contrer le pouvoir.
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