mercredi 20 mars 2013

Editorial du Monde Libertaire # 1700 du 21 au 27 Mars 2013

Dans un drôle de bouquin, Le Nouveau Vieux Monde, Perry Anderson se penche
sur cet OVNI politique qu’est l’Union européenne (UE). Souhaitée fédérale
par Jean Monnet mais voulue Europe des nations par de Gaulle, elle n’est
ni l’un ni l’autre: chargée de « détrôner la politique et la mettre hors
de portée électorale », elle constitue un véritable « déni de démocratie »
; le pouvoir législatif s’y trouve concentré « dans des organismes non
élus mais possédant le pouvoir exécutif (La Commission et le Conseil) et
le pouvoir judiciaire (la Cour du Luxembourg) ». Ce « droit communautaire
foisonnant » et opaque est tenu éloigné des peuples afin de réduire à
néant les pouvoirs de décision des assemblées nationales élues.

De même, la Cour de justice depuis 2007 s’emploie à rendre presque
impossible aux syndicats de barrer la route aux appétits surréalistes des
marchés. Pour Anderson, en démocratie, la décision du peuple est « le
point central du pouvoir politique », mais « rien de tel dans l’UE ». Les
consultations populaires sont bafouées, comme le référendum de 2005 en
France sur le traité européen. L’UE c’est « une liberté économique
illimitée pour les classes dirigeantes et un recul énorme des droits des
travailleurs et de la démocratie ».

Geoffroy Geuens, l’auteur de La Finance imaginaire se montre aussi sévère.
Pour lui, au sein des gouvernements nationaux, de la Commission européenne
et de la Banque mondiale, les dirigeants ne sont pas influencés par des
lobbies, mais bien directement issus ou intimement liés au monde des
affaires. Geoffroy se gausse des titatas des belles âmes qui vont répétant
qu’« au départ, l’Europe était un beau projet, et qu’il a été perverti ».
En fait, « les financiers sont au coeur même du projet de l’Europe » et de
sa réalisation, « le ver est dans le fruit ». À preuve les carrières des
diverses grosses têtes européennes tel Jean Monnet, marchand d’alcool puis
proche des banques et du groupe Lazare. (Sources : revue Agone n°50 et
Fakir).

Corruption et pouvoirs occultes, c’est la tête de l’UE qui sent la mort.
Tout comme les gouvernants des États, qu’elle se propose de réunir, qui
sont eux aussi les jouets des classes possédantes, même quand la prétendue
«gauche» est au pouvoir. Quantification de la nature et des hommes,
apologie du fric et de la lutte de tous contre tous, viol du Droit du
travail, ringardisation du syndicalisme, du collectif et du solidaire,
instauration généralisée d’«austérités» sadiques et contreproductives,
telles sont les nouvelles valeurs de ce gang des riches. Dès lors quoi
d’étonnant à ce que les pousse-mégots milliardaires de la malbouffe
industrielle garnissent sans vergogne les raviolis-à-pauvres avec les
balayures des ateliers de boucherie.

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