mercredi 6 mars 2013

Editorial du Monde Libertaire # 1698 du 7 au 13 Mars 2013

GRATUIT, GRATUIT, la peste soit des pubs racoleuses et de leurs titatas
obscènes. Le site de « Là-bas si j’y suis » s’en émeut et pose la question
qui fâche : « C’est vrai ça, qui paie quand c’est gratuit ? Google c’est
gratuit, le journal c’est gratuit, rouler sur une route c’est gratuit,
mais qui paie les routes, le journal, Google ? »

Gratuites, les routes ? Nos impôts les casquent. Gratuit, le Web ? Encore
une entourloupe : gabegie de métaux rares, recyclage hors de prix,
milliards de kWh brûlés par les serveurs et les ordinateurs, drôle de
gratuité ! Le Littré en ligne définit ainsi le mot gratuit : «Qu’on donne
pour rien […] école gratuite, école où l’enseignement est gratuit. » Même
le Littré se plante car si l’on peut à la rigueur parler de méchanceté
gratuite, voire de crime gratuit, rien n’est moins « donné pour rien » que
l’éducation, un des budgets les plus lourds dans la plupart des pays
riches ou émergents.

Faudrait pas confondre le droit à certains services nécessaires comme
l’éducation, la santé, la justice, financés à grand peine par les impôts,
et certaines libéralités intéressées uniquement destinées à « libérer des
parts de cerveau » des gogos et à les gaver sous hypnose de gadgets
nullissimes. Dans les deux cas, pas plus de gratuit que de beurre en
branche !

Économie de marché et appât du gain s’y entendent pour masquer aux foules
crédules que le travail et le prix de toute chose sont incontournables
(même en société anarchiste) et s’échinent à imposer par des flatteries
mercantiles, par la « pédagogie » ou la force, les idées clés du
capitalisme mondialisé : baisse des salaires, délocalisations, suppression
du Code du travail, casse du service public, ce « ringard » et
insupportable garant d’une vie moins indécente en démocratie
représentative. La richesse aux riches et les mirages de la gratuité aux
autres. Ça ferait rire si ce n’était tragique, « le rire n’est jamais
gratuit, l’homme donne à pleurer, mais il prête à rire », comme disait
Pierre Desproges.

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