Voilà le texte qui a été diffusé par les libertairelors de la manifestation de dimanche dernier à Paris :
L’institution du mariage organise la transmission d’un capital (financier et génétique). Elle impose un ensemble de devoirs juridiques contraignants, institutionnalise la domination de la norme hétérosexuelle et du patriarcat, à travers l’attribution des statuts d’“homme”, “femme”, et “enfant”.
Statuts non naturels mais culturels, organisant la domination masculine d’une part, et fondant d’autre part le fait que les unes (femmes, enfants) appartiendraient exclusivement à d’autres qui en seraient les propriétaires (hommes). La notion de famille implique ainsi la relégation des individus à un âge et à un genre, notions éminemment culturelles.
L’institution du mariage limite ainsi les possibles, établit un contrôle social sur nos identités, nos désirs et nos sentiments, et vise à nous le faire intégrer dans notre intimité, dans notre façon de concevoir et de juger le monde et les autres. Le mariage, ce dispositif central du patriarcat, est au cœur des rapports de hiérarchie (domination de “la femme”, domination de “l’enfant”) et de privation (organisation de la propriété privée, des biens comme des personnes).
La revendication du “mariage pour toutes” doit éviter l’écueil de légitimer ce que suppose cette institution : la domination sociale et la propriété privée. Mais comment aller vers l’abolition du mariage et vers le respect intégral des individus ?
En rejoignant la revendication d’un mariage pour toutes, nous ne revendiquons pas l’institution du mariage ; mais nous voulons au contraire en finir avec lui, le dynamiter dans ce qui le fonde, le vider à terme de toute son essence mortifère et sclérosante, pour le ranger un jour au placard des mauvais souvenirs. Le débat actuel sur le mariage homo, la filiation, l’adoption et la procréation médicalement assistée peut être une chance de remettre en question la distinction et la hiérarchie moisies entre “homme” et “femme”, entre “hétérosexualité” et “homosexualité”, “fidélité” et “infidélité”.
Dans cette lutte encore longue et difficile pour éradiquer le mariage et la famille comme racines de la domination sociale et de la propriété privée, exclusive et excluante, nous ne sommes évidemment pas du côté des fachos ni des intégristes religieux, aux arguments puants, dissimulant leurs prétentions malsaines à maintenir des gens dans la relégation, derrière le fard d’un débat citoyen.
Nous sommes des individus que l’institution marginalise et réprime. À travers la conception du mariage, nous sommes étouffées et limitées par le patriarcat, la coercition légale et la propriété privée. Des personnes qui aiment des individus du même genre, ne peuvent pas accéder à des pensions de réversion et adopter des enfants. C’est inacceptable.
Oui au mariage pour toutes… pour qu’un jour enfin il n’y ait plus de mariage pour enchaîner quiconque.
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