C'est la rentrée. On reprend le boulot. On recommence à marner semaine
après semaine pour gagner sa croûte, pour payer son toit, pour consommer.
La rentrée, c'est aussi la rentrée sociale. Le sujet de cette rentrée
sociale (comme des dernières) est la réforme des retraites. Sans entrer
dans le détail, il va encore s'agir d'augmenter le temps de travail fourni
au cours d'une vie. Fourni pour quoi ? Pour qui ? L'organisation du
travail est constamment pensée et optimisée. Mais pas par ceux qui
fournissent le travail ; et la variable qu'on cherche à optimiser n'est
certainement pas l'émancipation du travailleur.
Les usines de construction automobile, dès les années 20, ont mis en
application les théories sur la rationalisation du travail (Taylor, Ford).
Taylor prônait de diviser le travail verticalement (les concepteurs en
haut et les exécutants en bas) et horizontalement pour minimiser les
doublons et les ambiguïtés. Ford a augmenté la division horizontale en
parcellisant le travail. La productivité s'en est trouvée augmentée et les
ouvriers un peu plus dépossédés de leur autonomie et de leur compétence.
Le prix de revient, donc d'achat pour le consommateur, est amélioré au
détriment de l'ouvrier.
Maintenant, dans tous les secteurs on déplore toujours plus les
raisonnements gestionnaires menés par des décideurs qui ne connaissent pas
le coeur de métier. L'individu est contrôlé à coup d'indicateurs, de
mesures de performance. Les travailleurs sont pressurisés, sommés de
cravacher mieux que le voisin, de turbiner plus rentable pour moins cher.
Le travailleur est une ressource pillée comme les autres. Les travailleurs
ne reconnaissent plus leur travail. En voyant les vagues de dépressions
nerveuses voire de suicides au boulot, on se rappelle l'origine du mot «
travail » (tripalium, un instrument de torture).
Encore cette année, un des orateurs de l'université d'été du MEDEF a été
le commandant de la légion étrangère. Le discours des idéologues de
l'entreprise ressasse un vocabulaire guerrier de conquête, de compétition.
Et ils radotent que le coût du travail est trop élevé. Ils demandent
toujours plus d'engagement de la part des salariés et revendiquent de
pourvoir virer qui ils veulent sur un claquement de doigts, au nom de la
compétitivité. Et ces parasites grignotent chaque année un peu plus ce
qu'ils sont censés reverser à la collectivité. Et ceux qu'on désigne à
longueur de bulletin d'information sont les chômeurs.
Dénoncer cette dichotomie entres possédants et exploités ne suffit pas.
Aucun ponte, aussi puissant soit-il, ne serait capable d'asservir toute la
main d'oeuvre qu'il emploie sans le concours de la hiérarchie
d'intermédiaires, de chefaillons ni des flics qui tabassent les ouvriers
qui osent se révolter. Comme à chaque rentrée sociale, on va voir des
travailleurs défiler derrière la sono qui hurle que « c'est pas à l'Élysée
ni à Matignon qu'on obtiendra satisfaction », dans des manifs décidées par
les partenaires sociaux (partenaires qui vont à Matignon et à l'Élysée,
eux). C'est à se demander si c'est utile de s'accrocher à une usine de
merde ; s'il ne vaudrait pas mieux faire crever tous ces lieux
d'asservissement tant qu'on est encore en vie, envoyer bouler cette
hiérarchie syndicale et productiviste.
Il paraît que, dans les années 30, Keynes avait prédit qu'à la fin du
Xxème siècle, les technologies seraient suffisamment avancées pour qu'on
envisage ne travailler que 15 heures par semaine. On en est loin. Et
pourtant... est-ce qu'on n'arriverait pas à vivre beaucoup mieux en
travaillant beaucoup moins ? Pour ce numéro de rentrée, le Monde
Libertaire Hors-Série s'est penché, dans son dossier principal, sur le
thème du travail.
jeudi 19 septembre 2013
Editorial du Monde Libertaire # 1715 du 19 au 25 septembre 2013
Une fois n’est pas coutume, cet édito ne parlera pas de problèmes de
société ni même de politique à proprement parler. Pour une fois, nous
allons parler de nous, les anarchistes, de nos accès de mélancolie et de
notre «drapeau noir en berne sur l’espoir». Combien de fois dans une vie
militante se dit-on: «À quoi bon?» Combien de fois nous sentons-nous
découragés face à l’ampleur de la tâche devant nous, devant ceux qui nous
combattent comme devant ceux qui s’en foutent? Dans ces moments-là, il est
tentant de baisser les bras et de se décharger sur les copains. Se
réfugier derrière «d’autres le feront» revient à souscrire à la vieille
croyance capitaliste du «nous sommes tous remplaçables».
Eh bien, non. Les débats que nous n’organiserons ne seront pas organisés.
Les tracts que nous ne distribuerons pas ne seront pas distribués. Les
livres que nous n’écrirons pas ne seront ni écrits, ni publiés, ni lus.
Assez de jérémiades sur ce pauvre monde qui crève, si éloigné de notre
idéal libertaire, et sur nous-mêmes, nos défauts, nos faiblesses. Prenons
quelques instants pour faire le constat de notre impuissance actuelle
vis-à-vis de certains événements: Syrie, mouvements sociaux tièdes…
Ce constat douloureux nous est nécessaire. Associé à un retour sur les
apprentissages de l’action passé, il sera moteur de l’action future. Si
«la plus petite fortune, le plus mince établissement, la mise en place de
la plus chétive industrie, exige un concours de travaux et de talents si
divers, que le même homme n’y suffirait pas» (Pierre-Joseph Proudhon),
notre intelligence collective se doit de s’ouvrir sur des apports nouveaux
et extérieurs, tant du point de vue de la théorie que de la pratique, pour
ne pas se scléroser davantage.
société ni même de politique à proprement parler. Pour une fois, nous
allons parler de nous, les anarchistes, de nos accès de mélancolie et de
notre «drapeau noir en berne sur l’espoir». Combien de fois dans une vie
militante se dit-on: «À quoi bon?» Combien de fois nous sentons-nous
découragés face à l’ampleur de la tâche devant nous, devant ceux qui nous
combattent comme devant ceux qui s’en foutent? Dans ces moments-là, il est
tentant de baisser les bras et de se décharger sur les copains. Se
réfugier derrière «d’autres le feront» revient à souscrire à la vieille
croyance capitaliste du «nous sommes tous remplaçables».
Eh bien, non. Les débats que nous n’organiserons ne seront pas organisés.
Les tracts que nous ne distribuerons pas ne seront pas distribués. Les
livres que nous n’écrirons pas ne seront ni écrits, ni publiés, ni lus.
Assez de jérémiades sur ce pauvre monde qui crève, si éloigné de notre
idéal libertaire, et sur nous-mêmes, nos défauts, nos faiblesses. Prenons
quelques instants pour faire le constat de notre impuissance actuelle
vis-à-vis de certains événements: Syrie, mouvements sociaux tièdes…
Ce constat douloureux nous est nécessaire. Associé à un retour sur les
apprentissages de l’action passé, il sera moteur de l’action future. Si
«la plus petite fortune, le plus mince établissement, la mise en place de
la plus chétive industrie, exige un concours de travaux et de talents si
divers, que le même homme n’y suffirait pas» (Pierre-Joseph Proudhon),
notre intelligence collective se doit de s’ouvrir sur des apports nouveaux
et extérieurs, tant du point de vue de la théorie que de la pratique, pour
ne pas se scléroser davantage.
dimanche 15 septembre 2013
Editorial du Monde Libertaire # 1714 du 12 au 18 septembre 2013
La rentrée sera-t-elle chaude en France ? On est plutôt dans le tiède ; la
même question ne se pose pas pour la Syrie. Là-bas, c’est brûlant. Tant
qu’il n’était fait usage que d’armes conventionnelles, les consciences
occidentales se sont accommodées de la situation, mais si l’emploi d’armes
chimiques par le régime de Bachar al-Assad contre sa population s’avère
exact (en ces temps de manipulation de l’image, le doute est toujours
permis), le risque d’intervention militaire des Occidentaux va se
préciser.
Sans les Britanniques (pour leur parlement c’est « no » au Premier
ministre, Cameron), probablement avec les États-Unis (quand leur congrès
aura approuvé la décision du président, Obama) et sûrement avec la France
de François Hollande, encore ébloui de ses succès militaires au Mali et
promu provisoirement « gendarme du monde » avant l’entrée en action des
forces étasuniennes.
Et, une nouvelle fois (comme en Irak, Libye, Égypte), se pose le dilemme :
aider à abattre un dictateur sanguinaire ou ne rien faire qui puisse
favoriser l’arrivée au pouvoir d’une coalition dont une des composantes se
réclame d’un islamisme radical ? Qui va-t-on aider réellement dans cette
coalition des rebelles ? Dans quelle union sacrée veut-on encore nous
entraîner ? Et si l’on se réjouira tous de ce que l’infâme Al-Assad
dégage, il est probable que son remplaçant nous fasse rire jaune.
Et, au milieu, c’est toujours le peuple syrien qui en prendra plein le
buffet. Pendant ce temps, les images de combats inondent nos écrans TV
occultant ainsi tous nos « petits » problèmes hexagonaux : chômage,
précarité, remise en cause ininterrompue des acquis sociaux, du Code du
travail, du système de retraite… N’oublions pas : ici comme ailleurs,
aujourd’hui comme de tout temps, les bruits de bottes ont toujours servi à
escamoter le problème social.
même question ne se pose pas pour la Syrie. Là-bas, c’est brûlant. Tant
qu’il n’était fait usage que d’armes conventionnelles, les consciences
occidentales se sont accommodées de la situation, mais si l’emploi d’armes
chimiques par le régime de Bachar al-Assad contre sa population s’avère
exact (en ces temps de manipulation de l’image, le doute est toujours
permis), le risque d’intervention militaire des Occidentaux va se
préciser.
Sans les Britanniques (pour leur parlement c’est « no » au Premier
ministre, Cameron), probablement avec les États-Unis (quand leur congrès
aura approuvé la décision du président, Obama) et sûrement avec la France
de François Hollande, encore ébloui de ses succès militaires au Mali et
promu provisoirement « gendarme du monde » avant l’entrée en action des
forces étasuniennes.
Et, une nouvelle fois (comme en Irak, Libye, Égypte), se pose le dilemme :
aider à abattre un dictateur sanguinaire ou ne rien faire qui puisse
favoriser l’arrivée au pouvoir d’une coalition dont une des composantes se
réclame d’un islamisme radical ? Qui va-t-on aider réellement dans cette
coalition des rebelles ? Dans quelle union sacrée veut-on encore nous
entraîner ? Et si l’on se réjouira tous de ce que l’infâme Al-Assad
dégage, il est probable que son remplaçant nous fasse rire jaune.
Et, au milieu, c’est toujours le peuple syrien qui en prendra plein le
buffet. Pendant ce temps, les images de combats inondent nos écrans TV
occultant ainsi tous nos « petits » problèmes hexagonaux : chômage,
précarité, remise en cause ininterrompue des acquis sociaux, du Code du
travail, du système de retraite… N’oublions pas : ici comme ailleurs,
aujourd’hui comme de tout temps, les bruits de bottes ont toujours servi à
escamoter le problème social.
mercredi 10 juillet 2013
samedi 6 juillet 2013
Editorial du ML n°1713 du 4 au 10 juillet 2013
Une fois de plus, nous avons pu constater quelles sont les priorités de nos grands médias. Après la mort de Clément Méric, la manifestation du 23 juin contre le fascisme n’a pas eut l’heur d’intéresser nos journalistes de choc : comptes rendus inexistants ou minimalistes dans la presse nationale. À peine une dizaine de lignes dans Le Monde (journal de tous les pouvoirs) et pas plus dans Libération (quotidien avant-gardiste autoproclamé). Et ne parlons pas de la TV: rien ou quarante secondes pour montrer, non pas les manifestants, mais quelques agités occupés à briser consciencieusement et méthodiquement tout ce qui ressemblait à une vitrine de banque ou un panneau publicitaire.
Non, la grande presse a d’autres priorités : commenter le résultat de l’élection de Villeneuvesur-Lot avec le score élevé du Front national ; en oubliant de rappeler que ses idées sont celles des groupuscules néonazis qui officient à côté du FN (mais pas trop loin quand même). Mais quid des conflits en cours ? PSA Aulnay, SNCF, Goodyear, Arcelor-Mittal, SNCM, Vortex, Air France, Université Paris XIII… Billevesées que tout cela, vous aurez du mal à avoir des détails sur l’évolution de ces luttes.
Par contre, vous aurez droit quotidiennement aux explications de texte de François Hollande nous martelant que, oui, la courbe du chômage va s’inverser avant la fin de l’année. Faisons-lui confiance au moins sur ce point: la manipulation des chiffres et les tours de passe-passe style emplois d’avenir, voilà un domaine où les socialistes savent faire aussi bien que la droite.
Mais rien n’y fait, le pays est malade et ce bon docteur Hollande ne nous prescrit que des saignées. Continuerons-nous à nous laisser sucer le sang par ces vampires, ou leur planterons-nous un pieu en plein coeur pour en finir définitivement avec eux?
mercredi 26 juin 2013
Editorial du Monde Libertaire # 1712 du 27 Juin au 3 Juillet 2013
On sait désormais que la découverte de Prism, un programme d’espionnage de
la NSA (agence de renseignement américain), est le fait d’un homme, Edward
Snowden. Ce document révèle que la NSA a accès aux serveurs de neufs
géants du Net comme Facebook, Google, Microsoft ou Apple et capte toutes
les informations émises par des citoyens étrangers concernant de près ou
de loin la sécurité du pays. Snowden a longuement insisté, dans les
interviews qu’il a accordées, sur le caractère non démocratique des
États-Unis qui se veulent pourtant l’apôtre des libertés individuelles.
Prism est destiné, selon la NSA, à déjouer des complots terroristes.
D’après Keith Alexander, le patron de la NSA, Prism est tout à fait légal
et aurait permis de déjouer «plus de cinquante actes terroristes
potentiels» depuis le 11 septembre 2001. Au nom de la lutte contre le
terrorisme, on bafoue les droits les plus élémentaires. On se doutait que
quelque chose de très gros se tramait depuis quelques mois, voire quelques
années, dans le cadre de la lutte antiterroriste encadrée par le Patriot
Act et le Fisa (Foreign Intelligence Surveillance Act).
Les révélations en 2012 de William Binney, ancien de la NSA, faisaient
état de la mise en place au sein de la NSA d’un programme d’espionnage
planétaire avant même les événement du 11 septembre. Snowden a posé la
question qui fâche: «Depuis le début du programme après le 11 septembre,
combien d’attaques terroristes ont été évitées uniquement grâce à ce
programme de surveillance? Une fois que la réponse à cette question aura
été apportée, demandez-vous combien de communications individuelles ont
été espionnées pour arriver à ce résultat et jugez si cela en vaut la
peine.»
la NSA (agence de renseignement américain), est le fait d’un homme, Edward
Snowden. Ce document révèle que la NSA a accès aux serveurs de neufs
géants du Net comme Facebook, Google, Microsoft ou Apple et capte toutes
les informations émises par des citoyens étrangers concernant de près ou
de loin la sécurité du pays. Snowden a longuement insisté, dans les
interviews qu’il a accordées, sur le caractère non démocratique des
États-Unis qui se veulent pourtant l’apôtre des libertés individuelles.
Prism est destiné, selon la NSA, à déjouer des complots terroristes.
D’après Keith Alexander, le patron de la NSA, Prism est tout à fait légal
et aurait permis de déjouer «plus de cinquante actes terroristes
potentiels» depuis le 11 septembre 2001. Au nom de la lutte contre le
terrorisme, on bafoue les droits les plus élémentaires. On se doutait que
quelque chose de très gros se tramait depuis quelques mois, voire quelques
années, dans le cadre de la lutte antiterroriste encadrée par le Patriot
Act et le Fisa (Foreign Intelligence Surveillance Act).
Les révélations en 2012 de William Binney, ancien de la NSA, faisaient
état de la mise en place au sein de la NSA d’un programme d’espionnage
planétaire avant même les événement du 11 septembre. Snowden a posé la
question qui fâche: «Depuis le début du programme après le 11 septembre,
combien d’attaques terroristes ont été évitées uniquement grâce à ce
programme de surveillance? Une fois que la réponse à cette question aura
été apportée, demandez-vous combien de communications individuelles ont
été espionnées pour arriver à ce résultat et jugez si cela en vaut la
peine.»
Editorial du Monde Libertaire # 1712 du 27 Juin au 3 Juillet 2013
On sait désormais que la découverte de Prism, un programme d’espionnage de
la NSA (agence de renseignement américain), est le fait d’un homme, Edward
Snowden. Ce document révèle que la NSA a accès aux serveurs de neufs
géants du Net comme Facebook, Google, Microsoft ou Apple et capte toutes
les informations émises par des citoyens étrangers concernant de près ou
de loin la sécurité du pays. Snowden a longuement insisté, dans les
interviews qu’il a accordées, sur le caractère non démocratique des
États-Unis qui se veulent pourtant l’apôtre des libertés individuelles.
Prism est destiné, selon la NSA, à déjouer des complots terroristes.
D’après Keith Alexander, le patron de la NSA, Prism est tout à fait légal
et aurait permis de déjouer «plus de cinquante actes terroristes
potentiels» depuis le 11 septembre 2001. Au nom de la lutte contre le
terrorisme, on bafoue les droits les plus élémentaires. On se doutait que
quelque chose de très gros se tramait depuis quelques mois, voire quelques
années, dans le cadre de la lutte antiterroriste encadrée par le Patriot
Act et le Fisa (Foreign Intelligence Surveillance Act).
Les révélations en 2012 de William Binney, ancien de la NSA, faisaient
état de la mise en place au sein de la NSA d’un programme d’espionnage
planétaire avant même les événement du 11 septembre. Snowden a posé la
question qui fâche: «Depuis le début du programme après le 11 septembre,
combien d’attaques terroristes ont été évitées uniquement grâce à ce
programme de surveillance? Une fois que la réponse à cette question aura
été apportée, demandez-vous combien de communications individuelles ont
été espionnées pour arriver à ce résultat et jugez si cela en vaut la
peine.»
la NSA (agence de renseignement américain), est le fait d’un homme, Edward
Snowden. Ce document révèle que la NSA a accès aux serveurs de neufs
géants du Net comme Facebook, Google, Microsoft ou Apple et capte toutes
les informations émises par des citoyens étrangers concernant de près ou
de loin la sécurité du pays. Snowden a longuement insisté, dans les
interviews qu’il a accordées, sur le caractère non démocratique des
États-Unis qui se veulent pourtant l’apôtre des libertés individuelles.
Prism est destiné, selon la NSA, à déjouer des complots terroristes.
D’après Keith Alexander, le patron de la NSA, Prism est tout à fait légal
et aurait permis de déjouer «plus de cinquante actes terroristes
potentiels» depuis le 11 septembre 2001. Au nom de la lutte contre le
terrorisme, on bafoue les droits les plus élémentaires. On se doutait que
quelque chose de très gros se tramait depuis quelques mois, voire quelques
années, dans le cadre de la lutte antiterroriste encadrée par le Patriot
Act et le Fisa (Foreign Intelligence Surveillance Act).
Les révélations en 2012 de William Binney, ancien de la NSA, faisaient
état de la mise en place au sein de la NSA d’un programme d’espionnage
planétaire avant même les événement du 11 septembre. Snowden a posé la
question qui fâche: «Depuis le début du programme après le 11 septembre,
combien d’attaques terroristes ont été évitées uniquement grâce à ce
programme de surveillance? Une fois que la réponse à cette question aura
été apportée, demandez-vous combien de communications individuelles ont
été espionnées pour arriver à ce résultat et jugez si cela en vaut la
peine.»
vendredi 21 juin 2013
[Lyon] manif 22 juin : cortège unitaire libertaire antifasciste
Face au fascisme : riposte sociale !
Mais n’oublions pas aussi que...
Derrière le fascisme se cache le capital !
En effet, des décennies d’économie libérale débridée, de recherche de profits maximums, de libre concurrence et de financiarisation folle ont généré une crise économique, conduisant ses sbires, patrons, actionnaires, banquiers...à exploiter toujours plus les salarié-e-s et en particulier les précaires avec l’aide de la caste politicienne et des gouvernements de tout bord. Que le gouvernement soit de droite ou socialiste, l’État est au service du capital !
Dans ce contexte de crise sociale, ce que craint la bourgeoisie c’est une révolte populaire de grande ampleur. Pour la prévenir, elle va favoriser des mouvements nationalistes qui se développent sur fond de misère sociale et dévient la colère populaire sur des boucs émissaires, qui mettent en avant la guerre du « tous contre tous » et du « chacun pour soi » comme alternative à l’affrontement de classe.
Pour cela, ils endorment les foules et les détournent des luttes sociales en leur inventant des ennemis intérieurs à l’instar des immigré-e-s, des internationalistes « qui les soutiennent et se moquent des frontières », des syndicalistes « complices de la mondialisation du travail » et dans le contexte actuel les associations LGBT (Lesbiennes-Gays-Bis-Trans) qui menaceraient l’ordre moral de la société.
Ces mouvement développent les thèses classiques du fascisme, opposant la classe ouvrière française aux minorités nationales et sexuelles, pour se donner une image anticapitaliste, alors qu’ils prennent systématiquement le parti des patrons lors des mouvements sociaux, au nom de la « défense des intérêts de la nation ». En cela ils font le jeu des patrons, trop content de cette logique de division, quand ils ne leur servent pas de gros bras pour briser les luttes.
Ces mouvements nationalistes s’appuient sur le vieux fond de nationalisme présent dans quasiment tous les courants politique, qu’ils tirent jusqu’à ses conclusions les plus brutales, en mettant en avant un capitalisme protectionnisme opposé artificiellement au « capitalisme financier » qu’ils associent aux juifs dans leur vision raciste du monde, un État fort, la création d’un « ordre nouveau » sur le modèle de la « révolution nationale vichyste », fondé sur l’oppression des minorités.
La stratégie des fascistes consiste en une agitation permanente contre tout ce qui va dans le sens de l’égalité économique et sociale, articulée à une stratégie de contrôle des territoires. Et sur Lyon c’est dans les quartiers de St Jean, de la Guillotière et de la Croix rousse que les nervis fascistes (GUD, Jeunesses nationalistes et jeunesses identitaires) ciblent leurs attaques sur les minorités noires, juives, turques, roms et arabes, homosexuel-le-s, militants ou militantes de gauche ou libertaires, acteurs-trices des mouvements sociaux, mais aussi des bars et autres lieux de vie. Il s’agit de faire taire les militant-e-s du mouvement social et ouvrier en exerçant des pressions physiques sur leurs membres, et de susciter la peur en appelant à se constituer en milice pour faire régner l’ordre et réprimer toute contestation, insoumission et révolte populaire dans les quartiers.
Quelles alternatives au fascisme et au capitalisme ?
Face à cette situation, il nous semble fondamental de développer l’autodéfense antifasciste populaire, sur une base collective et organisée. Les organisations populaires et syndicales ont tout intérêt à prendre part à l’organisation de cette autodéfense, s’en sans remettre à l’Etat qui fait preuve d’une complaisance de fait envers les groupes fascistes, quelles que soient les proclamations d’intention qu’il puisse faire de manière opportuniste.
Mais à côté de cette nécessaire autodéfense, il est aussi important de continuer à œuvrer pour renforcer les luttes actuelles, les populariser, les soutenir et d’en initier d’autres, dans une perspective anticapitaliste, permettant le développement des capacités de gestion directe des travailleuses et travailleurs. L’éradication du fascisme passe par la lutte contre le capitalisme, le patriarcat et toutes les formes d’oppression.
Dans ce cadre, ce ne sont pas les condamnations morales dont la gauche se fait une spécialité qui feront reculer le fascisme, mais les luttes populaires, notamment contre les politiques antisociales (de droite ou de gauche) qui favorisent son développement.
Les organisations anarchistes CGA, AL, Organisation Communiste Libertaire-Lyon, FA et le collectif La Gryffe luttent dès à présent pour :
le retrait de l’ANI ;
l’ augmentation généralisée des salaires ;
la réduction de l’éventail hiérarchique des salaires ;
la réquisition et l’autogestion des entreprises, notamment celles en lutte ;
la réduction massive du temps de travail ;
la reconquête par les salariés de la protection sociale ;
la régularisation de tous et toutes les sans-papiers.
l’ augmentation généralisée des salaires ;
la réduction de l’éventail hiérarchique des salaires ;
la réquisition et l’autogestion des entreprises, notamment celles en lutte ;
la réduction massive du temps de travail ;
la reconquête par les salariés de la protection sociale ;
la régularisation de tous et toutes les sans-papiers.
De telles avancées sociales ne pourront pas s’obtenir par le biais de la politique électoraliste et institutionnelle, mais en développant les luttes et l’organisation dans nos entreprises et nos quartiers, pour construire une alternative au capitalisme et à l’État, fondée sur la réorganisation et la gestion directe de l’économie et de la société par les travailleuses et travailleurs, avec ou sans emploi. Nous n’aurons que ce que nous saurons prendre !
« PAS DE FACHOS DANS NOS QUARTIER ET PAS DE QUARTIER POUR LES FACHOS »
REJOIGNEZ
LE CORTÈGE LIBERTAIRE UNITAIRE ANTIFASCISTE
SAMEDI 22 JUIN A 14H
PLACE BELLECOUR
mercredi 19 juin 2013
Editorial du Monde Libertaire # 1711 du 20 au 27 juin 2013
On dit souvent, y compris dans nos colonnes, que le mouvement social se
trouve actuellement dans une phase d’atonie profonde qui permet aux
gouvernements successifs et aux patrons de nous en mettre plein le buffet.
Et c’est vrai. Pourtant, les luttes sont là. Un peu partout. Du monde du
travail aux problèmes de logement, les pauvres se mobilisent pour
améliorer le quotidien, tout en se questionnant, parfois, sur les
possibles d’un lendemain meilleur.
L’actualité de ces derniers jours en témoigne d’ailleurs largement:
débrayage à Michelin, grève massive des aiguilleurs du ciel contre la
privatisation de leur activité, grève aussi chez les cheminots, occupation
de Virgin par ses salariés, etc. Les travailleurs ne sont donc pas
amorphes, mais la réalité du capitalisme et l’état de la syndicalisation
nous obligent aujourd’hui à nous replier sur des luttes pragmatiques pour
défendre notre gagne-pain.
Ce qui nous manque, en fait, ce sont des revendications globales,
dépassant le cadre, au demeurant inévitable, du corporatisme. Gageons que
ce que nous prépare le gouvernement sur les retraites pour la rentrée de
septembre nous donne des billes pour rassembler tous ceux qui,
aujourd’hui, affrontent le capital en face.
Et, dans ce merdier, les anarchistes ont un rôle à jouer, comme n’importe
quel autre acteur du mouvement social, pour ne pas laisser notre avenir
aux mains des politiciens de tous poils. À nous, donc, de prendre nos
responsabilités et de travailler, au-delà des appels incantatoires, à
l’élaboration de revendications communes susceptibles de fédérer les
révoltés et de faire émerger chez les plus frileux le sens de
l’engagement.
trouve actuellement dans une phase d’atonie profonde qui permet aux
gouvernements successifs et aux patrons de nous en mettre plein le buffet.
Et c’est vrai. Pourtant, les luttes sont là. Un peu partout. Du monde du
travail aux problèmes de logement, les pauvres se mobilisent pour
améliorer le quotidien, tout en se questionnant, parfois, sur les
possibles d’un lendemain meilleur.
L’actualité de ces derniers jours en témoigne d’ailleurs largement:
débrayage à Michelin, grève massive des aiguilleurs du ciel contre la
privatisation de leur activité, grève aussi chez les cheminots, occupation
de Virgin par ses salariés, etc. Les travailleurs ne sont donc pas
amorphes, mais la réalité du capitalisme et l’état de la syndicalisation
nous obligent aujourd’hui à nous replier sur des luttes pragmatiques pour
défendre notre gagne-pain.
Ce qui nous manque, en fait, ce sont des revendications globales,
dépassant le cadre, au demeurant inévitable, du corporatisme. Gageons que
ce que nous prépare le gouvernement sur les retraites pour la rentrée de
septembre nous donne des billes pour rassembler tous ceux qui,
aujourd’hui, affrontent le capital en face.
Et, dans ce merdier, les anarchistes ont un rôle à jouer, comme n’importe
quel autre acteur du mouvement social, pour ne pas laisser notre avenir
aux mains des politiciens de tous poils. À nous, donc, de prendre nos
responsabilités et de travailler, au-delà des appels incantatoires, à
l’élaboration de revendications communes susceptibles de fédérer les
révoltés et de faire émerger chez les plus frileux le sens de
l’engagement.
vendredi 14 juin 2013
jeudi 13 juin 2013
Rendez-vous militants du 15 au 22 juin
Voici les prochains rendez-vous où des militant.e.s du groupe Kronstadt seront présents.
1. SAMEDI 15 JUIN : MARCHE DES FIERTÉS LGBT
Contre l'homophobie, pour l’Égalité des droits.
14 Heures Lycée du Parc - Lyon 6ème - Métro Masséna
14 Heures Lycée du Parc - Lyon 6ème - Métro Masséna
2. DIMANCHE 16 JUIN : RASSEMBLEMENT EN HOMMAGE A CLEMENT MERIC ET CONTRE LES VIOLENCES FASCISTES
17 heures - Place Bellecour - Lyon
3. MERCREDI 19 JUIN : PIQUE NIQUE REVENDICATIF
Contre l'Austérité en France et en Europe
A l'appel de l'Union Départementale CGT
12-14 h Place guichard - Lyon
A l'appel de l'Union Départementale CGT
12-14 h Place guichard - Lyon
4. SAMEDI 22 JUIN : GRANDE MANIFESTATION CONTRE LE FASCISME
14 heures Bellecour, Lyon
En hommage à Clément Méric, pour dénoncer les groupes fascistes.
En hommage à Clément Méric, pour dénoncer les groupes fascistes.
mercredi 12 juin 2013
Editorial du Monde Libertaire # 1710 du 13 au 20 Juin 2013
Rions un peu de peur d’être obligé d’en pleurer. Invité d’Anne-Sophie
Lapix dans Dimanche + le 2 juin 2013, Jean-François Copé, évoquant les
primaires UMP à Paris, a lâché cette phrase : « Nous apprenons la
démocratie, c’est assez nouveau. » Après dix ans au pouvoir, c’est une
bonne nouvelle ! Gageons que le Front national se frotte les mains : une
bêtise pareille va leur faire gagner quelques électeurs. Alors, lapsus
révélateur d’une pensée dissimulée ou aveu nécessaire pour soulager une
conscience trop lourde de ce honteux secret de polichinelle ?
Quelle importance après tout ? Nous ne sommes pas là pour sonder les
sombres tréfonds de leur âme, mais pour les combattre. Car c’est sous
couvert de démocratie que nos politiques de droite puis de gauche ont
laissé les plus dangereux mouvements d’extrême droite relever la tête et
exhaler leur haine des libertés fondamentales. Plus grave encore, on les
laisse agir en toute impunité : homosexuels tabassés, pressions anti-IVG
sur les femmes, et plus récemment encore, jeune militant antifa décédé
suite à une agression. La liste est longue malheureusement.
Espérons que lorsque l’UMP, après moult tâtonnements, aura découvert le
merveilleux secret de la démocratie, il sera d’accord pour donner quelques
cours aux autres partis politiques français. Pas sûr que ça les intéresse…
Quant à nous, nous ne comptons pas sur les lois d’État pour endiguer cette
marée brune.
Lapix dans Dimanche + le 2 juin 2013, Jean-François Copé, évoquant les
primaires UMP à Paris, a lâché cette phrase : « Nous apprenons la
démocratie, c’est assez nouveau. » Après dix ans au pouvoir, c’est une
bonne nouvelle ! Gageons que le Front national se frotte les mains : une
bêtise pareille va leur faire gagner quelques électeurs. Alors, lapsus
révélateur d’une pensée dissimulée ou aveu nécessaire pour soulager une
conscience trop lourde de ce honteux secret de polichinelle ?
Quelle importance après tout ? Nous ne sommes pas là pour sonder les
sombres tréfonds de leur âme, mais pour les combattre. Car c’est sous
couvert de démocratie que nos politiques de droite puis de gauche ont
laissé les plus dangereux mouvements d’extrême droite relever la tête et
exhaler leur haine des libertés fondamentales. Plus grave encore, on les
laisse agir en toute impunité : homosexuels tabassés, pressions anti-IVG
sur les femmes, et plus récemment encore, jeune militant antifa décédé
suite à une agression. La liste est longue malheureusement.
Espérons que lorsque l’UMP, après moult tâtonnements, aura découvert le
merveilleux secret de la démocratie, il sera d’accord pour donner quelques
cours aux autres partis politiques français. Pas sûr que ça les intéresse…
Quant à nous, nous ne comptons pas sur les lois d’État pour endiguer cette
marée brune.
jeudi 6 juin 2013
Le groupe Kronstadt se reforme sur Lyon !
Vous l'avez sans doute remarqué, le site s'est transformé ! Il avait été construit pour être le vecteur communicant d'une liaison voulant fournir un travail militant sur la commune de Villeurbanne. Mais ne le cachons pas, les militant.e.s qui ont adhéré à cette liaison ont tous et toutes été adhérent.e.s du groupe Kronstadt de la Fédération anarchiste durant les années 90. Nous nous étions défédéré.e.s pour aller, les un.e.s comme les autres, suivre d'autres "chemins de traverse" comme dirait Fernand Deligny. En militant au sein d'autres organisations libertaires, ou bien au sein d'organisations réformistes. Chacun.e a suivi son chemin et pourtant, nous nous sommes retrouvé.e.s à nouveau dans un groupe, à la FA. Parce que nous avons eu au même moment la même analyse politique de la société. Que nous avons senti que nous avions à faire des choses, ensemble, et avec d'autres ! Et comme nous pensons que ce nom n'est pas anodin, qu'à l'époque nous ne l'avions pas choisi par hasard, nous l'avons à nouveau fait revivre !
Oui, le groupe Kronstadt se reforme.
Hommage à Clément, antifascistes à jamais !
Clément, 18 ans, est mort, tué par des fascistes le 5 juin, près de Saint-Lazare. Une phrase suffit pour exprimer toute la gravité de la situation.
Le fascisme et les fascistes n’appartiennent pas au passé, la menace est toujours là, ils nous l’ont prouvé. Face à eux, nous devons nous organiser, lutter, faire bloc. Leur montrer que nous serons toujours là pour leur barrer la route. Que leurs idées ne valent pas les nôtres, qu’il n’y a aucun débat à avoir.
Il nous faut également dénoncer vivement les récupérations malsaines et politiciennes déjà mises en place par des organisations sociales-démocrates absentes de la réalité de la lutte antifasciste. Nous pensons particulièrement à l’Unef et au Parti de Gauche qui n’ont pas attendu pour organiser chacun un rassemblement en hommage à notre camarade. À défaut d’agir, ces gens s’approprient les morts, ils sont moins remuants. On entend déjà les appels à la Justice, à l’Etat, et au gouvernement pour qu’ils interdisent les organisations fascistes mais depuis combien de temps les organisations et les groupes révolutionnaires tirent-ils la sonnette d’alarme ?
Clément était militant à l’Action Antifasciste Paris-Banlieue et à Solidaires Etudiant-e-s Sciences Po, il était antifasciste et révolutionnaire.
La Fédération Anarchiste adresse modestement ses condoléances à la famille et aux proches de Clément, et affirme qu’elle s’alliera à toutes les forces révolutionnaires, progressistes et honnêtes pour rendre hommage à Clément et continuer à défendre son engagement qui n’est pas mort avec lui.
Fédération Anarchiste.
mercredi 5 juin 2013
Editorial du Monde Libertaire # 1709 du 6 au 12 Juin 2013
Les médias et l'opposition s’ingénient à décrire Hollande comme un timide
pas sûr de lui, un naïf qui rate tout ce qu’il entreprend. Les anars se
défient de cette façon de voir: la prétendue maladresse présidentielle est
une fantasmagorie. En atteste sa récente «gestion» de l’affaire
Tapie/Lagarde. Pour faire court, l’abominable ex-ministre des Finances est
mouillée jusqu’au cou dans une sale affaire de copinage avec le non moins
abominable Tapie.
Suite à la sombre entourloupe Adidas-Crédit lyonnais, elle a laissé
allouer au prince des casseroles, par le biais d'un fort louche arbitrage
privé, la modique somme de 403 millions d’euros. «Pour faire des économies
» (!), affirme-t-elle sans rire. Hollande, en ce moment, ne souhaite pas
se mettre à dos les patrons, le Medef et le FMI, empêtré qu’il est à
préserver la chèvre patronale plutôt que le chou salarié. Par ailleurs il
aimerait bien faire remonter une catastrophique cote de popularité. Pour
ça, rien de mieux que les titatas d’un sensationnel procès.
Dès lors il ne lui reste plus qu’à endosser son déguisement de Zorro: il
laisse sournoisement croire, dans un premier temps, que l’ineffable
sauterelle ultralibérale risque la prison, pour au final l’en dédouaner et
faire payer un plus discret fusible, Pierre Estoup, arbitre indélicat
convaincu d’accointance avec l’ex-patron de l’OM et qui, lui, risque
vraiment la taule. Du coup, la cote du président «normal» reprend 4 %.
Passez muscade et chapeau l’artiste !
L’a pas été long à intégrer et mettre à profit les bonnes vieilles
recettes si utiles quand on est aux manettes: enfumer le bon peuple pour
s’en faire apprécier ; préserver les grosses légumes en sacrifiant sans
vergogne quelque lampiste. « Sarkozisme à visage humain », dirait Badiou.
« Le pouvoir est maudit, disait la Louise Michel, et c’est pour cela que
je suis anarchiste. »
pas sûr de lui, un naïf qui rate tout ce qu’il entreprend. Les anars se
défient de cette façon de voir: la prétendue maladresse présidentielle est
une fantasmagorie. En atteste sa récente «gestion» de l’affaire
Tapie/Lagarde. Pour faire court, l’abominable ex-ministre des Finances est
mouillée jusqu’au cou dans une sale affaire de copinage avec le non moins
abominable Tapie.
Suite à la sombre entourloupe Adidas-Crédit lyonnais, elle a laissé
allouer au prince des casseroles, par le biais d'un fort louche arbitrage
privé, la modique somme de 403 millions d’euros. «Pour faire des économies
» (!), affirme-t-elle sans rire. Hollande, en ce moment, ne souhaite pas
se mettre à dos les patrons, le Medef et le FMI, empêtré qu’il est à
préserver la chèvre patronale plutôt que le chou salarié. Par ailleurs il
aimerait bien faire remonter une catastrophique cote de popularité. Pour
ça, rien de mieux que les titatas d’un sensationnel procès.
Dès lors il ne lui reste plus qu’à endosser son déguisement de Zorro: il
laisse sournoisement croire, dans un premier temps, que l’ineffable
sauterelle ultralibérale risque la prison, pour au final l’en dédouaner et
faire payer un plus discret fusible, Pierre Estoup, arbitre indélicat
convaincu d’accointance avec l’ex-patron de l’OM et qui, lui, risque
vraiment la taule. Du coup, la cote du président «normal» reprend 4 %.
Passez muscade et chapeau l’artiste !
L’a pas été long à intégrer et mettre à profit les bonnes vieilles
recettes si utiles quand on est aux manettes: enfumer le bon peuple pour
s’en faire apprécier ; préserver les grosses légumes en sacrifiant sans
vergogne quelque lampiste. « Sarkozisme à visage humain », dirait Badiou.
« Le pouvoir est maudit, disait la Louise Michel, et c’est pour cela que
je suis anarchiste. »
samedi 1 juin 2013
Editorial du Monde Libertaire n° 1708 du 30 mai au 5 juin 2013
Le 21 mai, Dominique Venner, figure de l’extrême droite radicale, se donne la mort devant l’autel de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. « Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines », écrit-il quelques heures avant de se tirer une balle dans la bouche. Macabre esthétisation de la politique qui est propre au fascisme. Les tentatives de récupération politique ne se font pas attendre. La présidente du Front national a réagi sur son compte Twitter en exprimant son « respect » et en estimant que son geste « éminemment politique » était une tentative de « réveiller le peuple de France ». Cet hommage permet à Marine Le Pen de se repositionner aux yeux des médias comme leader de toute l’extrême droite, alors que des dynamiques complexes sont à l’œuvre dans cette sinistre nébuleuse. Dominique Venner dénonçait le projet de loi sur le mariage pour tous, contre lequel il se battait depuis plusieurs semaines. Or, cette question est prétexte à l’agitation de l’extrême droite radicale qui a ainsi le vent médiatique en poupe. De petits fachos, caricaturaux à souhait, se donnent fièrement en spectacle dans les « manifs pour tous ». Alexandre Gabriac en est l’exemple type. En 2011, il s’était fait connaître en faisant le salut nazi. Cette incartade lui avait valu une exclusion immédiate du Front national. Suffisamment virulent pour faire parler de lui mais trop grotesque pour être crédible aux yeux du plus grand nombre, il multipliait les frasques, permettant à Marine Le Pen de se « dédiaboliser » et d’offrir au Front national une image respectable. Mais Marine Le Pen ne peut se permettre de passer au second plan alors que la situation sociale est propice à la montée des extrêmes. Elle fait donc un petit pas de côté et n’hésite pas à renouer, au travers de Dominique Venner, avec l’héritage d’une vieille extrême droite principalement structurée par une conception esthétique de la vie et du combat, plutôt que par un discours politique cohérent. Le culte du martyr politique, de l’héroïsme et du don de soi tient lieu de programme fédérateur.
mercredi 15 mai 2013
[Pacifisme] Les résistances à la guerre s’affichent ! EXPO EN CONSTRUCTION !
L'Observatoire des armements / CDRPC, le CEDRATS et des militants de l'Union pacifiste de France ont entamé un travail collectif qui débouchera sur une exposition sur la période courant de 1914 à 2014,sur le thème des diverses résistances à la guerre dans la région lyonnaise.
----------------
Cette exposition aura pour
objectif, dans un premier temps, de balayer par une courte mise en perspective
historique les différents évènements, et leur contexte politique, qui ont
amenés les prises de position, les luttes pour une société de paix, contre la
guerre, depuis le début du vingtième siècle. L’importance de cette première
partie dépendra directement des divers documents que nous pourrons collecter
pour cette contextualisation historique.
1 - Deux parcours de
militants : Louis Lecoin (1888 - 1971) / Jean-Pierre Lanvin (1924 -
1997).
L’exposition suivra comme
ligne conductrice deux itinéraires militants :
Au plan national,
celui de Louis Lecoin, militant pacifiste et libertaire. Il a été tout
au long de sa vie fortement impliqué dans le mouvement social, et dans le
mouvement pacifiste. Ceci lui a valu un total de 12 ans de prison. En 1962, il
fit une grève de la faim qui déboucha sur un projet de loi qui reconnut le
statut d’objecteur de conscience en 1963. Son nom fut proposé en 1964 pour le
prix Nobel de la paix. Il demanda son retrait afin de laisser plus de chances à
Martin Luther King.
Au plan local,
c’est l’itinéraire de Jean-Pierre Lanvin qui nous a paru le plus marquant. Il
s’agit d’une des figures principales de la Non violence active sur Lyon et la
région. On le retrouvera au premier rang dans la lutte de soutien aux
indépendantistes algériens pendant les « évènements ». Il mènera de
nombreuses actions contre la bombe atomique française. Il sera parmi les
fondateurs du GARM (Groupe d’Action et de Résistance à la Militarisation), qui
marquera Lyon et la région par ses actions en faveur des objecteurs, des
insoumis, des renvoyeurs de livret militaires, et par ses actions contre les
tribunaux militaires, le nucléaire militaire, pendant les années 1970 - 1980.
Il sera bien entendu un des animateurs du soutien aux paysans du Larzac sur
Lyon, pendant le même période. Ses activités pour la paix se prolongeront
ensuite dans de nombreux convois humanitaires, dans de nombreuses marches
internationales pour la paix. Les archives de Jean-Pierre Lanvin ont été
confiée à l’Observatoire des armements / CDRPC.
Ces deux personnalités
permettront l’exploration de toutes ces implications militantes dans notre
région.
2 - Dans la région
lyonnaise, les résistances à la guerre de 1914 à 1965 (environ).
Nous sommes en période de
recherche pour cette documentation. Le point de départ sera le discours de Jean
Jaurès prononcé à Lyon (Vaise), le 25 juillet 1914. Il s’agit là du dernier
discours public de Jaurès avant son assassinat (cf annexes). Pour le reste, les
documents que nous trouverons aux archives nous permettront de ponctuer dans le
temps certains aspects des résistances à la guerre dont nous trouverons la
trace.
Une deuxième partie de cette
exposition s’intéressera plus particulièrement à ces diverses luttes à Lyon et
dans la région, depuis les années soixante jusqu’à nos jours. Pour cette
partie, nous sommes en possession de nombreux documents originaux exploitables,
correspondant à cette période. L’Observatoire des armements / CDRPC a dans sa
documentation environ 250 affiches correspondant à cette période, de nombreux
tracts, des coupures de presse et des collections de diverses revues témoins de
ces luttes : Liberté, Union Pacifiste, Objection(s), Objection en Monde
Rural par exemple.
A Lyon et alentours, du
GARM à L’Observatoire des armements (1965 à nos jours).
Les différentes luttes de
résistance à la guerre, sous leurs formes plus récentes : objecteurs en
lutte contre leur statut injuste et discriminatoire, insoumis refusant de
rendre des comptes à toute institution, comités de soldats demandant la
reconnaissance de droits démocratiques dans l’armée, abolition de la justice
militaire, justice d’exception, solidarité avec les paysans du Larzac, lutte
contre le nucléaire militaire. (quelques exemples en annexe).
Cette exposition montrera au
public des affiches, divers types d’écrits sur ce sujet, des photos lorsque
nous aurons pu en trouver. Elle sera complétée par des documents audio-visuels
(sur support informatique de type « power point ») de type
« Interviews d’acteurs des divers engagements pour la paix dans la région
lyonnaise ». Ces interviews porteront bien entendu sur les périodes
contemporaines.
Cette exposition sera conçue de
manière à être souple et évolutive.
Selon les lieux et les publics potentiels, elle
pourra être utilisée dans sa totalité (documents et réflexion sur le centenaire
écoulé, et les diverses actions de résistances à la guerre, aux conflits
armés), ou de manière plus partielle, vis-à-vis de lieux et de publics
plus militants.
Cette exposition pourra être vue
à Lyon, dans l’agglomération, mais aussi dans touts la « grande région
lyonnaise » (Région Rhône-Alpes).
L'Union Pacifiste envisage d'autres initiatives pour une vision différente de cette commémoration de la "Grande guerre" ("grande boucherie...") : films, colloques, etc. Nous sommes preneurs de toutes les idées qui peuvent compléter cette initiative.
pour info : le site de l'Observatoire des armements :
www.obsarm.org
Celui du CEDRATS qui est en construction :
www.cedrats.org. Leur courriel : cedrats.actions@laposte.net
Pour les aider , pour en savoir plus, le mail :
expo2014@obsarm.org
mardi 14 mai 2013
Editorial du Monde Libertaire # 1706 du 16 au 22 mai 2013
Les populations mondiales sont victimes des diktats de l’Union européenne,
du FMI ou des deux à la fois. Ces organismes lointains, exempts de tout
contrôle populaire, ont su construire une utopique «réalité» économique
néolibérale visant à la primauté des riches et des lois du marché. Le
projet officiel est de mettre fin à la «crise » et, pour cela, d’apurer la
dette des pays auprès de banques qui, par leurs cupides bévues, sont
ellesmêmes à l’origine de la fameuse crise.
Les recettes sont criminellement simples: baisse des salaires, diminution
des charges aux entreprises compensée par l’augmentation des TVA,
élimination des lois garantissant emplois et salaires, réduction drastique
des dépenses publiques, abandon des services publics au privé, bref faire
payer les bourdes des banques et des riches à ceux qui n’ont rien ou
presque rien. Autant de vilenies hypocritement baptisées réalisme,
austérité, réformes courageuses.
Et les journalistes tout dévoués, et les experts en titatas de tout poil
d’ânonner en choeur que «la rigueur n’est pas un choix», qu’«il faut
réduire la dépense et ce de manière radicale». Par la grâce du
storytelling, «un mensonge mille fois répété devient réalité». À peine si
quelques voix discordantes, évoquant un «naufrage avéré de la construction
européenne», une «Europe vraiment à l’agonie», viennent troubler ce fétide
rabâchage tandis que les populistes de droite ou de gauche prônent le
retour aux protectionnismes.
Pour sa part, notre confrère Fakir, dans son numéro du 18 avril, appelle
carrément à la banqueroute et ses analyses ne manquent pas de pertinence.
De Sully à Poincarré en passant par Louis XV, le «défaut de paiement
souverain» n’a-t-il pas de tout temps permis aux décideurs de désendetter
le pays? D’autre part, actuellement, tous les pays qui se sont inclinés
devant les injonctions du FMI et de l’UE – France, Espagne, Ghana, Corée
du Sud et surtout Portugal et Grèce – ont vu augmenter chômage, pauvreté
et dette même, alors que les pays courageusement banqueroutards –
Argentine, Malaisie avant les récentes élections, Islande –, en s’asseyant
sur ces directives meurtrières, ont diminué leur taux de chômage et
relancé la consommation.
Preuve que tant que la révolution n’est pas effective, priorité reste à la
préservation coûte que coûte des acquis sociaux. C’est pas le moment
d’écouter le chant des sirènes des partisans de l’auto-entreprise si douce
au patronat ou de la marginalisation dans son coin, mais plutôt de
retrousser les manches et de faire tonner la voix de la rue, la seule que
redoutent les vide-gousset politiques et financiers. Sous peine que la
Grande Muraille de Chine ne soit pas assez longue pour y taguer en entier
la liste des cons.
du FMI ou des deux à la fois. Ces organismes lointains, exempts de tout
contrôle populaire, ont su construire une utopique «réalité» économique
néolibérale visant à la primauté des riches et des lois du marché. Le
projet officiel est de mettre fin à la «crise » et, pour cela, d’apurer la
dette des pays auprès de banques qui, par leurs cupides bévues, sont
ellesmêmes à l’origine de la fameuse crise.
Les recettes sont criminellement simples: baisse des salaires, diminution
des charges aux entreprises compensée par l’augmentation des TVA,
élimination des lois garantissant emplois et salaires, réduction drastique
des dépenses publiques, abandon des services publics au privé, bref faire
payer les bourdes des banques et des riches à ceux qui n’ont rien ou
presque rien. Autant de vilenies hypocritement baptisées réalisme,
austérité, réformes courageuses.
Et les journalistes tout dévoués, et les experts en titatas de tout poil
d’ânonner en choeur que «la rigueur n’est pas un choix», qu’«il faut
réduire la dépense et ce de manière radicale». Par la grâce du
storytelling, «un mensonge mille fois répété devient réalité». À peine si
quelques voix discordantes, évoquant un «naufrage avéré de la construction
européenne», une «Europe vraiment à l’agonie», viennent troubler ce fétide
rabâchage tandis que les populistes de droite ou de gauche prônent le
retour aux protectionnismes.
Pour sa part, notre confrère Fakir, dans son numéro du 18 avril, appelle
carrément à la banqueroute et ses analyses ne manquent pas de pertinence.
De Sully à Poincarré en passant par Louis XV, le «défaut de paiement
souverain» n’a-t-il pas de tout temps permis aux décideurs de désendetter
le pays? D’autre part, actuellement, tous les pays qui se sont inclinés
devant les injonctions du FMI et de l’UE – France, Espagne, Ghana, Corée
du Sud et surtout Portugal et Grèce – ont vu augmenter chômage, pauvreté
et dette même, alors que les pays courageusement banqueroutards –
Argentine, Malaisie avant les récentes élections, Islande –, en s’asseyant
sur ces directives meurtrières, ont diminué leur taux de chômage et
relancé la consommation.
Preuve que tant que la révolution n’est pas effective, priorité reste à la
préservation coûte que coûte des acquis sociaux. C’est pas le moment
d’écouter le chant des sirènes des partisans de l’auto-entreprise si douce
au patronat ou de la marginalisation dans son coin, mais plutôt de
retrousser les manches et de faire tonner la voix de la rue, la seule que
redoutent les vide-gousset politiques et financiers. Sous peine que la
Grande Muraille de Chine ne soit pas assez longue pour y taguer en entier
la liste des cons.
samedi 11 mai 2013
Pris au piège ? Alors, priorité à nos droits et libertés !
Montée en puissance de tendances religieuses - chrétiennes, islamiques, juives... - radicales d’un côté, développement rapide de groupes et mouvements prétendument « laïques et républicains » de l’autre… Nous voila projetés dans une situation qui s’annonce pour le moins dangereuse et explosive.
Dans les polémiques que l’on voit surgir ici et là, à propos d’une déclaration, comme celle, récente, du philosophe Michel Onfray, ou d’initiatives provocatrices et haineuses, comme celle prise par « résistance républicaine » (et leurs « apéritifs anti-islamiques »), nous ne pouvons que constater combien les discours simplificateurs, stéréotypés à souhait, peuvent s’alimenter à l’infini…
Lorsque M. Onfray (toujours à l’affût d’un bon coup médiatique) s’en prend à « l’islam » en général, des ripostes fusent, mais ces dernières font le procès… de l’athéisme. Dans un article consacré à ce « belliqueux Michel Onfray » - Rue 89, 16 juin 2010 - , l’auteur, Fouad Bahri, n’hésite pas à citer le philosophe Balek Benabi selon qui « les civilisations naissent à l'ombre des temples », ajoutant de son propre chef que « l'athéisme, comme doctrine, n'a fondé aucune des grandes civilisations de notre humanité »)…
Les divers protagonistes de ces polémiques affligeantes se crispent sur leurs positions, s’invectivent copieusement, tout en essayant au passage de travailler leur propre notoriété…
De tout cela ne ressort qu’une immense confusion. Dans ce contexte comment échapper aux amalgames, comment s’exprimer sur la question du Culte, de l’athéisme, de la laïcité, de nos combats pour l’égalité économique, sociale et politique des citoyens ?
Selon nous, tenter d’éclaircir les termes du débat passe par l’argumentation en faveur de trois propositions, relativement « basiques ».
La première consiste à réaffirmer notre attachement à la laïcité dont les deux principes fondateurs sont la liberté de culte et la séparation entre institutions politiques et religieuses.
La seconde proposition consiste à réaffirmer les raisons de notre athéisme. Parce que nous considérons que la religiosité implique immanquablement des tendances liberticides, c’est elle qui doit être combattue. Comme nous le verrons, cette seconde proposition n’est en rien contradictoire avec la première. Il s’agit de redynamiser cette critique athée, et la critique sociale tout court, en dépit de la « soft-idéologie » qui mène à un mortifère aplatissement de la pensée actuelle.
La troisième proposition porte sur les combats pratiques à mener, pour nos droits et nos libertés, qui constituent, in fine, la meilleure des réponses possibles à l’obscurantisme. Et c’est bien sur ces thématiques que nous devons nous concentrer, en reprenant en main les choix et les termes des « débats de société » actuels.
La laïcité, la liberté de culte et la séparation entre institutions politiques et religieuses
Disons les choses simplement : la religion est un fait social et humain historique.
La liberté de culte, tout comme la liberté d’expression, découle d’un principe fondamental de respect mutuel des idées et conceptions de l’Autre.
Ainsi peu importe que l’on considère la religion, de notre point de vue, comme une aliénation, une béquille psychologique ou la névrose universelle de l’Humanité (S. Freud, L’avenir d’une illusion). La liberté ne se divise pas et il ne peut être acceptable de vouloir interdire à des individus de pratiquer leur culte ou encore de marginaliser certains cultes par rapport à d’autre. Dans une société libre, toute conviction et opinion doit pouvoir être exprimée et défendue publiquement.
Une fois posé ce premier postulat, tous les problèmes ne sont pas résolus, loin de là.
Ce que nous définirons ici comme un « pacte » politique et sociétal, un équilibre entre les mouvements religieux et les athées, ne peut tenir qu’à certaines conditions.
La première de ces conditions est le respect d’une séparation entre le politique, la gestion de la Cité, des affaires publiques, et le champ de la religiosité. Là est le « cœur » de la laïcité.
Dit autrement, la condition sine qua none d’un pacte équilibré limitant les « confrontations » et les échanges critiques à du combat d’idée, entre religieux et entre religieux et athées, est la déconfessionnalisation du Pouvoir étatique dans l’acception la plus large du terme.
Rappelons à ce sujet que la liberté de culte est historiquement une notion libérale (au sens politique du mot) qui s’oppose à ce que l’Etat prône une religion officielle. La proclamation de la neutralité de l’Etat en la matière et du même coup de l’égalité de toutes les croyances, permet théoriquement de limiter voire d’écarter les risques d’affrontements interconfessionnels… Ce principe de neutralité conduit également à proscrire tout financement d’organismes, organisations, églises, institutions religieuses sur des fonds publics (en cela, le financement des écoles privées confessionnelles malmène le principe laïc depuis bien longtemps !)…
Par ailleurs, une autre condition relève, dirons-nous, d’un choix de posture intellectuelle : au respect de la liberté de culte par les athées, doit répondre, du côté religieux, l’acceptation de propos anticléricaux. Toujours pour formuler les choses autrement, disons que si j’accepte une expression publique religieuse prônant des idées, des valeurs, des conceptions opposées aux miennes, je revendique, en retour, le droit au blasphème.
Le système de la laïcité et de la liberté de culte va donc forcément être traversé par des tensions permanentes entre les diverses forces et mouvements en présence, qui vont tenter soit de maintenir / faire progresser la déconfessionnalisation du système de pouvoir politique et de l’espace public, ou qui, à contrario, agiront, directement ou indirectement, pour (re) confessionnaliser ces mêmes champs et espaces.
Ces jeux de pouvoir, de prosélytisme et d’influences, vont se cristalliser périodiquement sur des points de débats spécifiques, le débat sur le port des « signes ostentatoires religieux » à l’école ou dans les services publics notamment.
Nous trouvons d’un côté la revendication d’affirmer sa foi « partout et en toute circonstance ». Formulée au nom d’une « liberté individuelle » de se vêtir comme on le souhaite (alors que chacun sait que ce vêtement n’est pas un vêtement), cette revendication revient objectivement à commettre un acte de prosélytisme visant à faire bouger et reculer la frontière du champs public au sein duquel le pacte d’équilibre laïque proscrit la présence religieuse, réelle ou symbolique. Cette revendication constitue également, nous le savons bien, une façon de traduire un malaise identitaire…
De l’autre « côté », nous trouvons des laïcs sincères, conscients de la fragilité du pacte, et qui refusent, pour cette raison, l’empiètement symbolique, via le « foulard », la croix ou la kippa, dans l’école ou les établissements publics.
Mais à ceux-là s’ajoutent tous les boute-feux qui, par méconnaissance de la culture musulmane, par peur, par racisme larvé ou par un racisme affirmé, tentent d’instrumentaliser le débat.
Au bout du compte, un certain nombre de ces protagonistes (les plus hauts responsables politiques en tête), ont réussi à focaliser l’opinion sur la question de « l’islam » et/ou sur les interprétations intégristes du Coran…
Un « débat » forcément pétri d’amalgames, de simplifications, de contre-vérités, et qui vise avant tout à stigmatiser l’ensemble d’une population pour créer, de toutes pièces, un nouvel « ennemi intérieur », exutoire des frustrations, peurs et angoisses les plus indicibles.
Nombre de laïcs se sont laissés piégés dans cette opération, redécouvrant (ou feignant de redécouvrir) un hymne inconditionnel et acritique à la « République » (en oubliant du même coup qu’il y a bien des façons de concevoir une République !).
Bref, et pour toutes ces raisons, sortir le plus rapidement possible de ce genre de débat centré sur l’Islam doit être notre première préoccupation.
Dans ce contexte, c’est la meilleure et même la seule stratégie pour reformuler une approche à la fois laïque (admettant, par conséquent et comme nous l’avons vu, la liberté de culte) et critique vis-à-vis de l’ensemble des religions et de la religiosité en tant que telle.
Redynamiser la critique athée, la critique sociale et politique…
en dépit de « l’aplatissement » de la pensée et de la soft-idéologie…
Si les mouvements religieux avaient démontré, à travers l’histoire, leur respect des incroyants, des « hérétiques » ou des agnostiques, les choses auraient été… bien plus simples !
Mais force est de constater combien la dynamique de la pensée religieuse elle-même intègre une dimension quasi systématiquement expansionniste.
Tout mouvement religieux porte avec lui, mais à des degrés divers, des tendances obscurantistes et sectaires.
Autrement dit, la pensée religieuse, par définition, se conçoit dans la lutte pour la conversion des « non-encore-membres » ou pire, dans l’éradiquation de ses déviants et/ou opposants.
Autant dire que l’on peut penser, en tant qu’athée que la religiosité est toujours problématique(qu’il s’agisse du christianisme, du judaïsme ou de l’Islam) car la propension liberticide y est toujours présente d’une façon ou d’une autre…
Nous en arrivons donc à la considération selon laquelle le respect de la liberté de culte, position politique de « raison », doit se concilier avec un combat d’idée permanent contre l’idée religieuse et ses différentes déclinaisons. Justement parce que le religieux représente inéluctablement un danger pour nos libertés.
Ces deux axes ne sont pas antagonistes parce que les deux registres ne se confondent pas.
Sur le premier plan, nous avons un principe politique et éthique (de même nature, comme nous l’avons vu, que celui de la liberté d’expression). C’est comme dire, « ce n’est pas parce que nous faisons le choix de respecter vos croyances que nous renonçons à les critiquer, ce n’est pas parce que nous sommes fondamentalement en désaccord avec ce que vous dites, que nous ne nous battrons pas pour que vous puissiez vous exprimer… ». C’est tout simplement l’approche Voltairienne.
Sur l’autre plan, nous avons la confrontation des convictions, la lutte au nom de valeurs éthiques, et en un mot : le sens critique.
Il est toujours étonnant de lire ou d’entendre ici et là, que l’on ne pourrait soutenir ces deux « propositions » à la fois.
Si vous critiquez la religion, c’est parce que vous ne voulez pas la « respecter », si vous parlez d’aliénation religieuse, c’est que vous « insultez » celles et ceux qui croient (citons de nouveau l’article de Fouad Bahri qui écrit : « première contradiction, le philosophe affirme circonscrire sa critique aux textes sacrés et non à ses fidèles. Pourtant, il juge que les communautés religieuses, musulmanes comprises, sont intrinsèquement intolérantes. Il s'agit donc bien d'un jugement de valeur et d'une condamnation humaine, pour le moins catégorique »).
Par contre, si vous êtes pour la liberté de culte, c’est que vous renoncez au discours anticlérical, voire à la laïcité (l’exclusion du champ politique devenant synonyme de… discrimination à l’égard du religieux…).
Nous avancerons plusieurs hypothèses pour expliquer ce type de « raisonnement ».
Ne pas parvenir à faire le distingo entre les deux plans, tels que nous les avons présentés plus haut (le plan politique/éthique et le plan de la confrontation d’idées et de la critique), apparaît bien symptomatique de cet aplatissement de la pensée qui semble tant caractériser notre époque.
A la confusion ambiante correspond la fusion sur un plan unidimensionnel et horizontal des représentations et des perceptions du monde.
Nous voyons dans cette incapacité à penser simultanément sur différents registres ainsi que dans la perte du sens critique, l’une des conséquences de cette soft-idéologie qui s’est répandue depuis une trentaine d’années maintenant.
De quoi s’agit-il ?
En quelques mots, ce que nous nommons la soft-idéologie repose essentiellement sur l’idée et la pratique du consensus mou, de la « tolérance », qui diffère de l’acceptation (La Soft- idéologie, François-Bernard Huyghe et Pierre Barbès. R. Laffont 1987)
Le « négatif », l’opposition, (et donc la contestation, la révolte, l’opposition, la résistance…) sont des notions dévalorisées au profit de signes « positifs » (« être pour », « accepter », « consentir »).
Partant de là, la notion de « respect » et l’usage de ce vocable est vidé de la distanciation autorisant la critique ; distanciation à laquelle se substitue la contemplation acritique.
Dans cette nouvelle optique, si je « respecte » l’idée d’autrui cela prend une autre définition : je constate qu’il a ces idées, je ne doit rien faire contre et accepter cela tel quel, je ne peux le critiquer sans prendre moi-même le risque d’être qualifié d’agresseur, de sectaire ou d’intolérant par… des « intégristes » ou « radicaux » de tous bords qui eux-mêmes ne laissent aucune place au doute et à l’altérité, mais qui ont parfaitement saisi l’intérêt que pouvaient représenter pour eux les scripts de la soft idéologie !
Par ailleurs, cette contemplation acritique opérée par la pensée plate découle également d’une conception étriquée et simpliste (« a-socialisée ») de la liberté qui place l’individu seul au sein de son environnement humain, seul pour faire ses choix. Il n’y a plus ou presque plus de notion d’influence du milieu. C’est que le Sujet n’est plus un être social, c’est une entité « hypermoderne », un acteur dit « libre et indépendant », gérant ses relations en réseau, faisant « ce qu’il veut », « libre » de consentir à rien ou à tout. Par conséquent, personne ne doit plus « juger » ou porter des « jugements de valeur » sur personne…
Mais ce n’est pas tout. Ce premier processus d’aplatissement, qui se lit très facilement au travers de la soft-idéologie, se couple avec un second processus : celui du clivage.
Non seulement la « pensée » est aplatie, mais chaque segment unidimensionnel est clivé.
En d’autres termes, les différents champs de débats, originellement complexes et pluridimensionnels (s’articulant entre les niveaux socio-historiques, symboliques, imaginaires, économiques, politiques, individuels, etc.) sont découpés en autant de surfaces planes, elles-mêmes simplifiées et équipées d’une frontière factice séparant « deux camps » bien distincts et définis comme antagonistes.
Ce faisant, le processus de clivage – qui n’est pas nouveau en politique, loin de là ! – renforce, au gré de ces pans de débats tronqués et déformés, les tendances à la caricaturisation et à la radicalisation des positions.
Ainsi, vous devez choisir entre une version intégriste de la laïcité et républicaine / jacobine ou le « communautarisme » piétinant les conditions d’existence du pacte d’équilibre de la laïcité ; ou encore, dans un débat toujours ultra-simplifié et plaqué, vous « devez » choisir entre être féministe ou désigner la religion musulmane comme « la pire des religions »…
En définitive, le clivage (celui de l’objet en l’occurrence) bloque le chemin d’accès à l’altérité qui signe l’existence d’une pensée libre.
Formulons maintenant une troisième proposition : nos droits et nos libertés sont prioritaires !
Cela devrait nous sembler évident, mais cela ne l’est pas…
Comme nous l’avons dit, il est urgent d’échapper aux débats stériles, préformatés, pré-programmés, pré-schématisés et focalisés sur « l’islam », ou « l’identité nationale » !
Fabriqués par les médias, les élites, les manipulateurs de toute obédience, ces débats ont déjà échappé aux simples citoyens que nous sommes, avant même qu’ils ne soient lancés !
Oui, nous devons nous hâter pour substituer à ces polémiques malsaines un véritable débat sur la laïcité et ce que signifie concrètement la liberté de culte, en même temps que nous devons nous atteler à ce chantier qu’est la refondation d’une critique athéiste…
Simultanément, nous devons rejeter et condamner sans aucune hésitation les lectures simplistes et/ou mensongères des religions en générale et de l’Islam en particulier, parce que les inexactitudes, fortuites ou volontaires, ne peuvent être que contre-productives et nous précipiter dans l’abîme des affrontements inter-obscurantistes (cf ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis avec l’appel du « pasteur » fasciste Terry Jones à « brûler le Coran » chaque 11 septembre !).
L’opposition aux mariages forcés, la lapidation en cas d’adultère ou au port du voile intégral s’inscrit bien entendu dans le combat global contre la guerre faite aux femmes. Mais il n’y a pas, dans cette opposition, de condamnation spécifique de l’Islam, et cela pour une simple et bonne raison : le Coran, dans le texte, n’impose en rien le port du voile intégral et stipule clairement la nullité des mariages forcés. Concernant la « lapidation », Mahmoud Azab, spécialiste et professeur titulaire d’islamologie à Paris (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), précise que la lapidation, issue de la loi de Moïse – et contestée d’abord par le Christ - , n’est aucunement légitimée ou encouragée par les versets coraniques. C’est un adith, dont l’authenticité historique a toujours été suspecte, qui permet à certains intégristes de soutenir néanmoins cette pratique.
Ainsi, si nous accusons, toujours et encore de notre point de vue, la Religion d’avoir joué et de jouer encore un rôle majeur dans la domination masculine (entre autres choses), aucune des trois grandes religions monothéistes n’est plus « rétrograde » que l’autre !
Une fois ces précisions faites, ce sont les combats concrets pour nos droits sociaux et politiques qui demeurent la première priorité.
En effet, quelles que soient les proclamations des différentes obédiences religieuses, et par delà les exégèses des textes sacrés (bien souvent en décalage avec les pratiques et idéologies réelles), ce qui compte ce sont les positionnements et attitudes vis-à-vis des droits politiques, économique et sociaux.
En un mot : portons nos revendications, dynamisons nos combats, au lieu d’être continuellementen position défensive. C’est lorsque les mouvements confessionnels seront obligés, à leur tour, de réagir à ces luttes que leur nature deviendra bien plus lisible ! C’est lorsque l’initiative aura changée de camp que les débats en seront clarifiés !
Ainsi, les actions et thématiques qui devraient retenir notre attention, et nous mobiliser, sont celles relatives à la lutte contre toutes les formes prises par la domination masculine et contre les multiples expressions des discriminations, qu’il s’agisse du racisme, du sexisme, de l’homophobie…
Citons quelques « items » parmi bien d’autres.
Faut-il rappeler qu’aujourd’hui, ici et maintenant, le droit à l’avortement est menacé et restreint dans les faits. Tout simplement par les fermetures successives des centres d’IVG ou l’usage, par des médecins catholiques, de leur « droit d’objection à la pratique de l’IVG » (reconnu légalement) ! Selon le Planning familial, pas moins de 5000 femmes seraient contraintes, chaque année, d’aller à l’étranger pour pratiquer une IVG.
Concernant la contraception, la principale difficulté semble être le déficit d’information sur les méthodes. Cette information pourtant indispensable demeure largement insuffisante dans les établissements scolaires. Les enseignants restent peu investis sur la question, incapables, la plupart du temps d’orienter les élèves vers les structures adéquates. Pire, dans l’immense majorité des lycées et collèges, il n’y a qu’une malheureuse permanence médicale, avec, au mieux une seule infirmière pour des centaines d’élèves. Si vous rajoutez à cela le fait qu’il n’y a, en général, que deux heures par an consacrées à « l’éducation sexuelle » au lycée, n’est-il pas évident que cela mérite, bien plus que les autres sujets traités par les médias, un grand « débat de société » ?
Evoquons ensuite les luttes contre l’homophobie. Oui, bien sûr, il y a la « gay pride » qui fait partie maintenant du « paysage »… Les discours dominants tendent à nous faire croire que, finalement, il n’y aurait plus de combat à mener sur ce sujet… Mais de la tolérance envers les gays et lesbiens à la banalisation (au droit à l’indifférence), il y a un pas que notre société est encore loin d’avoir franchi. Y compris dans les milieux « psy », l’homosexualité est encore largement considérée comme une déviance, une anormalité, une perversion, en regard de la sexualité majoritaire et « normale » qu’est l’hétérosexualité. S’il n’existe pas de comptabilisation officielle des agressions homophobes, les rapports annuels publiés par l’association SOS homophobie font apparaître une nette progression du nombre de ces violences. Les discriminations de type homophobes se traduisent également par des sanctions économiques : selon une étude réalisée par le Centre d’Etudes des Politiques Economiques de l’université d’Evry, les gays gagneraient en moyenne 6,5% de moins dans le privé que les hétérosexuels, à responsabilité et à qualification comparable, et 5,5 % de moins dans le public…
Nous pourrions aussi développer les sujets portant sur les écarts de rémunération entre femmes et hommes (qui se chiffre encore à environ 20 % selon les études), le partage des tâches domestiques, les violences physiques, maltraitances et viols, les pressions subies lors de l’orientation scolaire, etc. etc.
Les sujets ne manquent pas.
C’est chaque fois que nous réussirons à bloquer des contre-réformes ou à faire progresser les droits des individus à disposer librement de leur corps, que nous contribuerons à faire reculer et à affaiblir les « folies » religieuses.
RD (le Space Cowboy) - 2010
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