Les populations mondiales sont victimes des diktats de l’Union européenne,
du FMI ou des deux à la fois. Ces organismes lointains, exempts de tout
contrôle populaire, ont su construire une utopique «réalité» économique
néolibérale visant à la primauté des riches et des lois du marché. Le
projet officiel est de mettre fin à la «crise » et, pour cela, d’apurer la
dette des pays auprès de banques qui, par leurs cupides bévues, sont
ellesmêmes à l’origine de la fameuse crise.
Les recettes sont criminellement simples: baisse des salaires, diminution
des charges aux entreprises compensée par l’augmentation des TVA,
élimination des lois garantissant emplois et salaires, réduction drastique
des dépenses publiques, abandon des services publics au privé, bref faire
payer les bourdes des banques et des riches à ceux qui n’ont rien ou
presque rien. Autant de vilenies hypocritement baptisées réalisme,
austérité, réformes courageuses.
Et les journalistes tout dévoués, et les experts en titatas de tout poil
d’ânonner en choeur que «la rigueur n’est pas un choix», qu’«il faut
réduire la dépense et ce de manière radicale». Par la grâce du
storytelling, «un mensonge mille fois répété devient réalité». À peine si
quelques voix discordantes, évoquant un «naufrage avéré de la construction
européenne», une «Europe vraiment à l’agonie», viennent troubler ce fétide
rabâchage tandis que les populistes de droite ou de gauche prônent le
retour aux protectionnismes.
Pour sa part, notre confrère Fakir, dans son numéro du 18 avril, appelle
carrément à la banqueroute et ses analyses ne manquent pas de pertinence.
De Sully à Poincarré en passant par Louis XV, le «défaut de paiement
souverain» n’a-t-il pas de tout temps permis aux décideurs de désendetter
le pays? D’autre part, actuellement, tous les pays qui se sont inclinés
devant les injonctions du FMI et de l’UE – France, Espagne, Ghana, Corée
du Sud et surtout Portugal et Grèce – ont vu augmenter chômage, pauvreté
et dette même, alors que les pays courageusement banqueroutards –
Argentine, Malaisie avant les récentes élections, Islande –, en s’asseyant
sur ces directives meurtrières, ont diminué leur taux de chômage et
relancé la consommation.
Preuve que tant que la révolution n’est pas effective, priorité reste à la
préservation coûte que coûte des acquis sociaux. C’est pas le moment
d’écouter le chant des sirènes des partisans de l’auto-entreprise si douce
au patronat ou de la marginalisation dans son coin, mais plutôt de
retrousser les manches et de faire tonner la voix de la rue, la seule que
redoutent les vide-gousset politiques et financiers. Sous peine que la
Grande Muraille de Chine ne soit pas assez longue pour y taguer en entier
la liste des cons.
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