Montée en puissance de tendances religieuses - chrétiennes, islamiques, juives... - radicales d’un côté, développement rapide de groupes et mouvements prétendument « laïques et républicains » de l’autre… Nous voila projetés dans une situation qui s’annonce pour le moins dangereuse et explosive.
Dans les polémiques que l’on voit surgir ici et là, à propos d’une déclaration, comme celle, récente, du philosophe Michel Onfray, ou d’initiatives provocatrices et haineuses, comme celle prise par « résistance républicaine » (et leurs « apéritifs anti-islamiques »), nous ne pouvons que constater combien les discours simplificateurs, stéréotypés à souhait, peuvent s’alimenter à l’infini…
Lorsque M. Onfray (toujours à l’affût d’un bon coup médiatique) s’en prend à « l’islam » en général, des ripostes fusent, mais ces dernières font le procès… de l’athéisme. Dans un article consacré à ce « belliqueux Michel Onfray » - Rue 89, 16 juin 2010 - , l’auteur, Fouad Bahri, n’hésite pas à citer le philosophe Balek Benabi selon qui « les civilisations naissent à l'ombre des temples », ajoutant de son propre chef que « l'athéisme, comme doctrine, n'a fondé aucune des grandes civilisations de notre humanité »)…
Les divers protagonistes de ces polémiques affligeantes se crispent sur leurs positions, s’invectivent copieusement, tout en essayant au passage de travailler leur propre notoriété…
De tout cela ne ressort qu’une immense confusion. Dans ce contexte comment échapper aux amalgames, comment s’exprimer sur la question du Culte, de l’athéisme, de la laïcité, de nos combats pour l’égalité économique, sociale et politique des citoyens ?
Selon nous, tenter d’éclaircir les termes du débat passe par l’argumentation en faveur de trois propositions, relativement « basiques ».
La première consiste à réaffirmer notre attachement à la laïcité dont les deux principes fondateurs sont la liberté de culte et la séparation entre institutions politiques et religieuses.
La seconde proposition consiste à réaffirmer les raisons de notre athéisme. Parce que nous considérons que la religiosité implique immanquablement des tendances liberticides, c’est elle qui doit être combattue. Comme nous le verrons, cette seconde proposition n’est en rien contradictoire avec la première. Il s’agit de redynamiser cette critique athée, et la critique sociale tout court, en dépit de la « soft-idéologie » qui mène à un mortifère aplatissement de la pensée actuelle.
La troisième proposition porte sur les combats pratiques à mener, pour nos droits et nos libertés, qui constituent, in fine, la meilleure des réponses possibles à l’obscurantisme. Et c’est bien sur ces thématiques que nous devons nous concentrer, en reprenant en main les choix et les termes des « débats de société » actuels.
La laïcité, la liberté de culte et la séparation entre institutions politiques et religieuses
Disons les choses simplement : la religion est un fait social et humain historique.
La liberté de culte, tout comme la liberté d’expression, découle d’un principe fondamental de respect mutuel des idées et conceptions de l’Autre.
Ainsi peu importe que l’on considère la religion, de notre point de vue, comme une aliénation, une béquille psychologique ou la névrose universelle de l’Humanité (S. Freud, L’avenir d’une illusion). La liberté ne se divise pas et il ne peut être acceptable de vouloir interdire à des individus de pratiquer leur culte ou encore de marginaliser certains cultes par rapport à d’autre. Dans une société libre, toute conviction et opinion doit pouvoir être exprimée et défendue publiquement.
Une fois posé ce premier postulat, tous les problèmes ne sont pas résolus, loin de là.
Ce que nous définirons ici comme un « pacte » politique et sociétal, un équilibre entre les mouvements religieux et les athées, ne peut tenir qu’à certaines conditions.
La première de ces conditions est le respect d’une séparation entre le politique, la gestion de la Cité, des affaires publiques, et le champ de la religiosité. Là est le « cœur » de la laïcité.
Dit autrement, la condition sine qua none d’un pacte équilibré limitant les « confrontations » et les échanges critiques à du combat d’idée, entre religieux et entre religieux et athées, est la déconfessionnalisation du Pouvoir étatique dans l’acception la plus large du terme.
Rappelons à ce sujet que la liberté de culte est historiquement une notion libérale (au sens politique du mot) qui s’oppose à ce que l’Etat prône une religion officielle. La proclamation de la neutralité de l’Etat en la matière et du même coup de l’égalité de toutes les croyances, permet théoriquement de limiter voire d’écarter les risques d’affrontements interconfessionnels… Ce principe de neutralité conduit également à proscrire tout financement d’organismes, organisations, églises, institutions religieuses sur des fonds publics (en cela, le financement des écoles privées confessionnelles malmène le principe laïc depuis bien longtemps !)…
Par ailleurs, une autre condition relève, dirons-nous, d’un choix de posture intellectuelle : au respect de la liberté de culte par les athées, doit répondre, du côté religieux, l’acceptation de propos anticléricaux. Toujours pour formuler les choses autrement, disons que si j’accepte une expression publique religieuse prônant des idées, des valeurs, des conceptions opposées aux miennes, je revendique, en retour, le droit au blasphème.
Le système de la laïcité et de la liberté de culte va donc forcément être traversé par des tensions permanentes entre les diverses forces et mouvements en présence, qui vont tenter soit de maintenir / faire progresser la déconfessionnalisation du système de pouvoir politique et de l’espace public, ou qui, à contrario, agiront, directement ou indirectement, pour (re) confessionnaliser ces mêmes champs et espaces.
Ces jeux de pouvoir, de prosélytisme et d’influences, vont se cristalliser périodiquement sur des points de débats spécifiques, le débat sur le port des « signes ostentatoires religieux » à l’école ou dans les services publics notamment.
Nous trouvons d’un côté la revendication d’affirmer sa foi « partout et en toute circonstance ». Formulée au nom d’une « liberté individuelle » de se vêtir comme on le souhaite (alors que chacun sait que ce vêtement n’est pas un vêtement), cette revendication revient objectivement à commettre un acte de prosélytisme visant à faire bouger et reculer la frontière du champs public au sein duquel le pacte d’équilibre laïque proscrit la présence religieuse, réelle ou symbolique. Cette revendication constitue également, nous le savons bien, une façon de traduire un malaise identitaire…
De l’autre « côté », nous trouvons des laïcs sincères, conscients de la fragilité du pacte, et qui refusent, pour cette raison, l’empiètement symbolique, via le « foulard », la croix ou la kippa, dans l’école ou les établissements publics.
Mais à ceux-là s’ajoutent tous les boute-feux qui, par méconnaissance de la culture musulmane, par peur, par racisme larvé ou par un racisme affirmé, tentent d’instrumentaliser le débat.
Au bout du compte, un certain nombre de ces protagonistes (les plus hauts responsables politiques en tête), ont réussi à focaliser l’opinion sur la question de « l’islam » et/ou sur les interprétations intégristes du Coran…
Un « débat » forcément pétri d’amalgames, de simplifications, de contre-vérités, et qui vise avant tout à stigmatiser l’ensemble d’une population pour créer, de toutes pièces, un nouvel « ennemi intérieur », exutoire des frustrations, peurs et angoisses les plus indicibles.
Nombre de laïcs se sont laissés piégés dans cette opération, redécouvrant (ou feignant de redécouvrir) un hymne inconditionnel et acritique à la « République » (en oubliant du même coup qu’il y a bien des façons de concevoir une République !).
Bref, et pour toutes ces raisons, sortir le plus rapidement possible de ce genre de débat centré sur l’Islam doit être notre première préoccupation.
Dans ce contexte, c’est la meilleure et même la seule stratégie pour reformuler une approche à la fois laïque (admettant, par conséquent et comme nous l’avons vu, la liberté de culte) et critique vis-à-vis de l’ensemble des religions et de la religiosité en tant que telle.
Redynamiser la critique athée, la critique sociale et politique…
en dépit de « l’aplatissement » de la pensée et de la soft-idéologie…
Si les mouvements religieux avaient démontré, à travers l’histoire, leur respect des incroyants, des « hérétiques » ou des agnostiques, les choses auraient été… bien plus simples !
Mais force est de constater combien la dynamique de la pensée religieuse elle-même intègre une dimension quasi systématiquement expansionniste.
Tout mouvement religieux porte avec lui, mais à des degrés divers, des tendances obscurantistes et sectaires.
Autrement dit, la pensée religieuse, par définition, se conçoit dans la lutte pour la conversion des « non-encore-membres » ou pire, dans l’éradiquation de ses déviants et/ou opposants.
Autant dire que l’on peut penser, en tant qu’athée que la religiosité est toujours problématique(qu’il s’agisse du christianisme, du judaïsme ou de l’Islam) car la propension liberticide y est toujours présente d’une façon ou d’une autre…
Nous en arrivons donc à la considération selon laquelle le respect de la liberté de culte, position politique de « raison », doit se concilier avec un combat d’idée permanent contre l’idée religieuse et ses différentes déclinaisons. Justement parce que le religieux représente inéluctablement un danger pour nos libertés.
Ces deux axes ne sont pas antagonistes parce que les deux registres ne se confondent pas.
Sur le premier plan, nous avons un principe politique et éthique (de même nature, comme nous l’avons vu, que celui de la liberté d’expression). C’est comme dire, « ce n’est pas parce que nous faisons le choix de respecter vos croyances que nous renonçons à les critiquer, ce n’est pas parce que nous sommes fondamentalement en désaccord avec ce que vous dites, que nous ne nous battrons pas pour que vous puissiez vous exprimer… ». C’est tout simplement l’approche Voltairienne.
Sur l’autre plan, nous avons la confrontation des convictions, la lutte au nom de valeurs éthiques, et en un mot : le sens critique.
Il est toujours étonnant de lire ou d’entendre ici et là, que l’on ne pourrait soutenir ces deux « propositions » à la fois.
Si vous critiquez la religion, c’est parce que vous ne voulez pas la « respecter », si vous parlez d’aliénation religieuse, c’est que vous « insultez » celles et ceux qui croient (citons de nouveau l’article de Fouad Bahri qui écrit : « première contradiction, le philosophe affirme circonscrire sa critique aux textes sacrés et non à ses fidèles. Pourtant, il juge que les communautés religieuses, musulmanes comprises, sont intrinsèquement intolérantes. Il s'agit donc bien d'un jugement de valeur et d'une condamnation humaine, pour le moins catégorique »).
Par contre, si vous êtes pour la liberté de culte, c’est que vous renoncez au discours anticlérical, voire à la laïcité (l’exclusion du champ politique devenant synonyme de… discrimination à l’égard du religieux…).
Nous avancerons plusieurs hypothèses pour expliquer ce type de « raisonnement ».
Ne pas parvenir à faire le distingo entre les deux plans, tels que nous les avons présentés plus haut (le plan politique/éthique et le plan de la confrontation d’idées et de la critique), apparaît bien symptomatique de cet aplatissement de la pensée qui semble tant caractériser notre époque.
A la confusion ambiante correspond la fusion sur un plan unidimensionnel et horizontal des représentations et des perceptions du monde.
Nous voyons dans cette incapacité à penser simultanément sur différents registres ainsi que dans la perte du sens critique, l’une des conséquences de cette soft-idéologie qui s’est répandue depuis une trentaine d’années maintenant.
De quoi s’agit-il ?
En quelques mots, ce que nous nommons la soft-idéologie repose essentiellement sur l’idée et la pratique du consensus mou, de la « tolérance », qui diffère de l’acceptation (La Soft- idéologie, François-Bernard Huyghe et Pierre Barbès. R. Laffont 1987)
Le « négatif », l’opposition, (et donc la contestation, la révolte, l’opposition, la résistance…) sont des notions dévalorisées au profit de signes « positifs » (« être pour », « accepter », « consentir »).
Partant de là, la notion de « respect » et l’usage de ce vocable est vidé de la distanciation autorisant la critique ; distanciation à laquelle se substitue la contemplation acritique.
Dans cette nouvelle optique, si je « respecte » l’idée d’autrui cela prend une autre définition : je constate qu’il a ces idées, je ne doit rien faire contre et accepter cela tel quel, je ne peux le critiquer sans prendre moi-même le risque d’être qualifié d’agresseur, de sectaire ou d’intolérant par… des « intégristes » ou « radicaux » de tous bords qui eux-mêmes ne laissent aucune place au doute et à l’altérité, mais qui ont parfaitement saisi l’intérêt que pouvaient représenter pour eux les scripts de la soft idéologie !
Par ailleurs, cette contemplation acritique opérée par la pensée plate découle également d’une conception étriquée et simpliste (« a-socialisée ») de la liberté qui place l’individu seul au sein de son environnement humain, seul pour faire ses choix. Il n’y a plus ou presque plus de notion d’influence du milieu. C’est que le Sujet n’est plus un être social, c’est une entité « hypermoderne », un acteur dit « libre et indépendant », gérant ses relations en réseau, faisant « ce qu’il veut », « libre » de consentir à rien ou à tout. Par conséquent, personne ne doit plus « juger » ou porter des « jugements de valeur » sur personne…
Mais ce n’est pas tout. Ce premier processus d’aplatissement, qui se lit très facilement au travers de la soft-idéologie, se couple avec un second processus : celui du clivage.
Non seulement la « pensée » est aplatie, mais chaque segment unidimensionnel est clivé.
En d’autres termes, les différents champs de débats, originellement complexes et pluridimensionnels (s’articulant entre les niveaux socio-historiques, symboliques, imaginaires, économiques, politiques, individuels, etc.) sont découpés en autant de surfaces planes, elles-mêmes simplifiées et équipées d’une frontière factice séparant « deux camps » bien distincts et définis comme antagonistes.
Ce faisant, le processus de clivage – qui n’est pas nouveau en politique, loin de là ! – renforce, au gré de ces pans de débats tronqués et déformés, les tendances à la caricaturisation et à la radicalisation des positions.
Ainsi, vous devez choisir entre une version intégriste de la laïcité et républicaine / jacobine ou le « communautarisme » piétinant les conditions d’existence du pacte d’équilibre de la laïcité ; ou encore, dans un débat toujours ultra-simplifié et plaqué, vous « devez » choisir entre être féministe ou désigner la religion musulmane comme « la pire des religions »…
En définitive, le clivage (celui de l’objet en l’occurrence) bloque le chemin d’accès à l’altérité qui signe l’existence d’une pensée libre.
Formulons maintenant une troisième proposition : nos droits et nos libertés sont prioritaires !
Cela devrait nous sembler évident, mais cela ne l’est pas…
Comme nous l’avons dit, il est urgent d’échapper aux débats stériles, préformatés, pré-programmés, pré-schématisés et focalisés sur « l’islam », ou « l’identité nationale » !
Fabriqués par les médias, les élites, les manipulateurs de toute obédience, ces débats ont déjà échappé aux simples citoyens que nous sommes, avant même qu’ils ne soient lancés !
Oui, nous devons nous hâter pour substituer à ces polémiques malsaines un véritable débat sur la laïcité et ce que signifie concrètement la liberté de culte, en même temps que nous devons nous atteler à ce chantier qu’est la refondation d’une critique athéiste…
Simultanément, nous devons rejeter et condamner sans aucune hésitation les lectures simplistes et/ou mensongères des religions en générale et de l’Islam en particulier, parce que les inexactitudes, fortuites ou volontaires, ne peuvent être que contre-productives et nous précipiter dans l’abîme des affrontements inter-obscurantistes (cf ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis avec l’appel du « pasteur » fasciste Terry Jones à « brûler le Coran » chaque 11 septembre !).
L’opposition aux mariages forcés, la lapidation en cas d’adultère ou au port du voile intégral s’inscrit bien entendu dans le combat global contre la guerre faite aux femmes. Mais il n’y a pas, dans cette opposition, de condamnation spécifique de l’Islam, et cela pour une simple et bonne raison : le Coran, dans le texte, n’impose en rien le port du voile intégral et stipule clairement la nullité des mariages forcés. Concernant la « lapidation », Mahmoud Azab, spécialiste et professeur titulaire d’islamologie à Paris (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), précise que la lapidation, issue de la loi de Moïse – et contestée d’abord par le Christ - , n’est aucunement légitimée ou encouragée par les versets coraniques. C’est un adith, dont l’authenticité historique a toujours été suspecte, qui permet à certains intégristes de soutenir néanmoins cette pratique.
Ainsi, si nous accusons, toujours et encore de notre point de vue, la Religion d’avoir joué et de jouer encore un rôle majeur dans la domination masculine (entre autres choses), aucune des trois grandes religions monothéistes n’est plus « rétrograde » que l’autre !
Une fois ces précisions faites, ce sont les combats concrets pour nos droits sociaux et politiques qui demeurent la première priorité.
En effet, quelles que soient les proclamations des différentes obédiences religieuses, et par delà les exégèses des textes sacrés (bien souvent en décalage avec les pratiques et idéologies réelles), ce qui compte ce sont les positionnements et attitudes vis-à-vis des droits politiques, économique et sociaux.
En un mot : portons nos revendications, dynamisons nos combats, au lieu d’être continuellementen position défensive. C’est lorsque les mouvements confessionnels seront obligés, à leur tour, de réagir à ces luttes que leur nature deviendra bien plus lisible ! C’est lorsque l’initiative aura changée de camp que les débats en seront clarifiés !
Ainsi, les actions et thématiques qui devraient retenir notre attention, et nous mobiliser, sont celles relatives à la lutte contre toutes les formes prises par la domination masculine et contre les multiples expressions des discriminations, qu’il s’agisse du racisme, du sexisme, de l’homophobie…
Citons quelques « items » parmi bien d’autres.
Faut-il rappeler qu’aujourd’hui, ici et maintenant, le droit à l’avortement est menacé et restreint dans les faits. Tout simplement par les fermetures successives des centres d’IVG ou l’usage, par des médecins catholiques, de leur « droit d’objection à la pratique de l’IVG » (reconnu légalement) ! Selon le Planning familial, pas moins de 5000 femmes seraient contraintes, chaque année, d’aller à l’étranger pour pratiquer une IVG.
Concernant la contraception, la principale difficulté semble être le déficit d’information sur les méthodes. Cette information pourtant indispensable demeure largement insuffisante dans les établissements scolaires. Les enseignants restent peu investis sur la question, incapables, la plupart du temps d’orienter les élèves vers les structures adéquates. Pire, dans l’immense majorité des lycées et collèges, il n’y a qu’une malheureuse permanence médicale, avec, au mieux une seule infirmière pour des centaines d’élèves. Si vous rajoutez à cela le fait qu’il n’y a, en général, que deux heures par an consacrées à « l’éducation sexuelle » au lycée, n’est-il pas évident que cela mérite, bien plus que les autres sujets traités par les médias, un grand « débat de société » ?
Evoquons ensuite les luttes contre l’homophobie. Oui, bien sûr, il y a la « gay pride » qui fait partie maintenant du « paysage »… Les discours dominants tendent à nous faire croire que, finalement, il n’y aurait plus de combat à mener sur ce sujet… Mais de la tolérance envers les gays et lesbiens à la banalisation (au droit à l’indifférence), il y a un pas que notre société est encore loin d’avoir franchi. Y compris dans les milieux « psy », l’homosexualité est encore largement considérée comme une déviance, une anormalité, une perversion, en regard de la sexualité majoritaire et « normale » qu’est l’hétérosexualité. S’il n’existe pas de comptabilisation officielle des agressions homophobes, les rapports annuels publiés par l’association SOS homophobie font apparaître une nette progression du nombre de ces violences. Les discriminations de type homophobes se traduisent également par des sanctions économiques : selon une étude réalisée par le Centre d’Etudes des Politiques Economiques de l’université d’Evry, les gays gagneraient en moyenne 6,5% de moins dans le privé que les hétérosexuels, à responsabilité et à qualification comparable, et 5,5 % de moins dans le public…
Nous pourrions aussi développer les sujets portant sur les écarts de rémunération entre femmes et hommes (qui se chiffre encore à environ 20 % selon les études), le partage des tâches domestiques, les violences physiques, maltraitances et viols, les pressions subies lors de l’orientation scolaire, etc. etc.
Les sujets ne manquent pas.
C’est chaque fois que nous réussirons à bloquer des contre-réformes ou à faire progresser les droits des individus à disposer librement de leur corps, que nous contribuerons à faire reculer et à affaiblir les « folies » religieuses.
RD (le Space Cowboy) - 2010