L Y A BIENTÔT UN AN, François Hollande détrônait Ni-
colas Sarkozy, avec son lot de promesses pour sortir
de la crise et améliorer nos conditions de vie et de
travail. Certains y croyaient vraiment – comme on croit
en Dieu, au Père Noël –, mais la plupart n’ont voté
pour lui que pour se débarrasser de l’infâme po-
puliste ultralibéral qui siégeait à l’Élysée depuis
cinq ans.
On nous promettait le changement, donc, mais le
changement n’est pas venu. Les fermetures
d’usines se sont poursuivies, multipliées, et les suppres-
sions d’emplois qui en ont découlé sont venues grossir
les chiffres du chômage déjà énormes. Le candidat so-
cialiste à l’élection présidentielle avait pourtant promis
plusieurs sauvetages, s’était engagé auprès des sala-
riés en lutte en leur promettant qu’il ne les abandonne-
rait jamais. Mais l’histoire ne cesse de resservir les
mêmes plats et, une fois au pouvoir, le nouveau pré-
sident a évidemment oublié ses engagements.
Il a même trouvé le moyen, comme n’importe quel
gouvernement de droite, de ratifier un traité européen
inscrivant la rigueur et l’austérité comme règle d’or
de la gestion des pays. Et ce, bien sûr, sans se soucier
une seconde de ce que pouvaient bien en penser ses
braves sujets.
Mais ce n’est pas tout. Car non seulement le chan-
gement n’est pas venu, mais la politique du nouveau
gouvernement, non contente de seulement s’inscrire
dans celle du précédent, est aussi allée plus loin. Et ce
que la droite et le patronat rêvaient de faire, la gauche
l’a réalisé ! Ainsi de l’accord national interprofession-
nel (ANI), signé entre le Medef et quelques syndicats
jaunes (CFDT, CFTC et CFE), soumettant le salariat
à une flexibilité et une précarité extrêmes :
licenciements bien plus faciles, mobilité forcée dans les
entreprises, expérimentation d’un CDI intermittent (al-
ternant périodes de chômage et de travail sans les
« avantages » du CDD pour contrebalancer la préca-
rité), suppression de la sanction proportionnelle au
délit pour les patrons, etc.
Question sécurité, le ministre de l’Intérieur, en la
personne du roquet Manuel Valls, a aussi suivi les mêmes logiques que ses prédécesseurs fascisants de
droite : traques, enfermements et expulsions des
sans-papiers, discours haineux cherchant à instaurer un
climat de peur, répression des mouvements sociaux,
mise sous surveillance des piquets de grève par les ser-
vices de renseignement, etc.
Chômage, précarité et flicage partout, justice
sociale et bien-être nulle part : c’est ainsi que peut se
résumer la politique dite socialiste de la présidence de
François Hollande. Une politique ultralibérale et
sécuritaire dissimulée derrière quelques avancées so-
ciétales timides (notamment l’ouverture du mariage
aux homosexuels), histoire de se donner des airs de
rupture.
Faut-il pour autant voter à droite aux prochaines
échéances électorales ? Bien sûr que non. Car non seu-
lement le changement ne viendrait pas davantage,
mais on peut aussi parier que, de nouveau au pouvoir,
la droite utiliserait les déboires misérables de la gauche
gouvernementale pour, à nouveau, aller plus loin dans
l’établissement d’une société mortifère. L’activisme
homophobe et sexiste dont fait preuve la droite
militante depuis quelques semaines dans la mobilisa-
tion contre le mariage pour tous nous donne déjà un
avant-goût de ce qui nous attend...
Pas plus que la gauche, la droite ne nous rendra
nos emplois et nos libertés individuelles et collectives,
depuis longtemps piétinées par les gouvernements suc-
cessifs. Les travailleurs produisent les richesses
et n’en reçoivent que les miettes. Les actionnaires
ne produisent rien et raflent tout. Les patrons ont besoin
de nous, mais nous n’avons pas besoin d’eux. Le chan-
gement, si nous le voulons vraiment, ne viendra que de
ce que nous saurons prendre en mains et gérer nous-
mêmes : nos luttes. Plus que jamais, le recours à l’ac-
tion directe semble nécessaire, dans nos boîtes,
nos foyers, nos quartiers et nos villes. Assez de rési-
gnation, formons et animons des sections syndicales,
des comités de lutte, réinvestissons la rue et les alter-
natives, organisons-nous et à partir de notre colère et
de notre rage, répandons partout dans le pays
la révolte et la révolution !
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