dimanche 17 mars 2013

[Syndicalisme] 50° Congrès de la CGT : 2 textes pour tenter de comprendre les enjeux



Réflexions autour de la seconde résolution
Cinq grands problèmes dans ce texte conduisent à se dire qu’il est impossible de voter pour et difficile de voter contre ! Sauf à voter contre tout ce qui manque… Signalons que la version courte de la résolution, celle qui sera votée, est elle carrément vide de substance.
1) Premier problème, qui se généralise depuis quelques années dans les documents de la CGT, l’utilisation d’un discours pseudo-intellectuel qui complique la lecture, embrouille les propos, floute les principes. Jusqu’à l’invention de concepts nouveaux qui n’apportent rien ; ni à la compréhension du mode de production capitaliste, ni à la lutte des classes, ni à la société future que la CGT conserve dans ses objectifs affichés.
Ainsi « la rémunération du capital a pris le pas sur la valorisation du travail ». Comme si c’était nouveau ! Comme si nos parents étaient mieux traités que les actionnaires de leur époque ! Comme si ce n’était là le moteur même de l’exploitation capitaliste que l’on n’ose plus franchement nommer !
Ainsi autour du « développement humain durable » les militants sont invités à investir  « le travail » ? Si c’était dit pour se moquer des permanents syndicaux qui ont oublié l’usine ça serait drôle… Non c’est pour « promouvoir la démocratie sociale » ce qui suppose « des possibilités d’intervention dans la stratégie et la gestion des entreprises ».
Toutes ces approximations donnent pour de nombreux passages une possible double lecture : avec des lunettes rouges on pourrait encore y croire. Mais avec des lunettes roses les gages sont donnés au Medef d’un syndicalisme responsable. Comme quoi la bascule dans le syndicalisme d’accompagnement n’est toujours pas achevée dans la maison CGT. Mais s’il n’est pas clairement avouable il est bien en filigrane !
2) Deuxième problème. Si l’ensemble du texte relève correctement les reculs accumulés par les défaites successives subies par le monde du travail, il fait comme si tout allait bien, comme si nous allions accumuler dans les prochaines années de nouvelles victoires partielles et progressives. Ce faisant il ne répond pas au problème immédiat : comment on arrête la casse ! Et laisse les syndiqués désarmés. Comme si nous étions toujours dans les Trente Glorieuses, il est proposé de gagner « petit à petit, droit après droit ». Et pour qu’il soit bien clair que la direction est contre la grève générale il est précisé : « non pas une mais des négociations, non pas une mais des lois sociales ». D’ailleurs « la CGT mène depuis dix ans une bataille acharnée pour la défense et le développement des activités industrielles et de l’emploi » ! Les équipes syndicales abandonnées à elles mêmes cherchant à construire des convergences malgré l’inertie fédérale et confédérale apprécieront…
3) Découle ici un troisième problème : en énonçant des objectifs hélas parfaitement inaccessibles le texte accumule des revendications contradictoires entre elles. Et laisse les syndiqués sans boussole. Ainsi « nous revendiquons un socle commun de droits individuels transférables, garantis collectivement et opposables ». Bel et bon un renforcement du Code du Travail vers un statut unifié des travailleurs ! Mais alors comment les conventions collectives améliorent-elles encore la situation des salariés d’une branche ? Elles doivent se borner à apporter un « complément professionnel ». Sauf qu’en promettant un super mais inaccessible statut unique on va laisser liquider les conventions collectives qui améliorent aujourd’hui bien au-delà des « compléments professionnels » la situation sociale des salariés travaillant dans une branche où les luttes ont arraché des concessions aux patrons, aboutissant c’est vrai à des inégalités de statut entre branches d’activités. Des acquis (maladies, congés etc…) qui n’ont rien à voir avec le « professionnel » et que jusqu’ici nous considérions comme autant de points d’appui pour les branches les plus faibles. Alors qu’ici on est pas loin de dénoncer le corporatisme de quelquesuns…
On retrouve la même contradiction par exemple avec la place de la Sécurité sociale et celle des mutuelles.
4) Quatrième problème le texte verse dans l’angélisme d’un Etat providence qu’il faudrait restaurer. Comme si les politiques de l’Etat n’étaient dictées par les besoins des capitalistes  que le gouvernement soit de droite ou de gauche! « Il faut réinventer et refonder l’Etat stratège » nous disent les nostalgiques du gaullisme ! « Il ne s’agit pas condamner toute aide aux entreprises » en oubliant qu’il s’agit d’aides aux capitalistes et non pas aux travailleurs…
5) Le dernier problème avec ce texte c’est évidemment ses manques. Son blanc sur la stratégie des luttes, le niveau des luttes nécessaires à atteindre pour pouvoir gagner sur les revendications posées. Et puis tout plein de petits oublis qui pourraient faire une liste à la Prévert : l’absence de dénonciation de l’annualisation et de la flexibilité sur les 35h. L’absence d’un nouveau palier indispensable vers les 30h au vu du chômage de masse et des progrès de la productivité. L’absence de référence à la durée de cotisation pour les retraites. L’absence d’un droit de véto des salariés parmi les « droits d’intervention ». Rien sur le nucléaire ni du point de vue écologique ni même du point de vue économique…
En conclusion une résolution qui contresigne le tournant « moderniste » de la direction confédérale. Alors disons que le programme revendicatif, comme la convergence des luttes contre les licenciements, nous le bâtirons nous-mêmes dans le feu des combats !
 Jean-Yves Lesage, 93
membre de la Commission exécutive du Syndicat Général du Livre CGT (sglce-cgt)

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50ème congrès : sortir la CGT de l’impasse !
Reconstruire par le bas.
Les comités syndicalistes révolutionnaires se définissent comme une tendance syndicale dont le but n’est pas de se substituer aux syndicats mais de contribuer à alimenter le débat nécessaire dans toutes nos structures syndicales.
Notre projet est cohérent parce qu’il est basé sur la nécessaire reconquête d’outils syndicaux permettant au syndicalisme confédéré de passer à l’offensive contre le capital : syndicalisme interprofessionnel (renforcement et développement des UL), syndicalisme d’industrie (création et renforcement de syndicats de branche locaux pour faire vraiment vivre les statuts : pas de syndiqué sans syndicat), sociabilité prolétarienne (sports, loisirs, culture, consommation anticapitaliste, logement, etc.) par l’animation d’associations, de mutuelle et de coopératives agissant sur tous ces terrains mais liées au mouvement syndical.
Une stratégie qui veut donc renouer avec les racines de la CGT, avec ses fondements politiques.
Ce sont ces outils, coordonné au sein de la confédération, qui prépareront demain l’offensive nécessaire pour se débarrasser du capitalisme et qui permettront au prolétariat de construire, enfin, le Socialisme : le syndicat comme organe de pouvoir et de gestion d’une société sans exploitation et sans discrimination.
En 2009, pour la préparation du 49ème congrès confédéral, notre courant s’était exprimé avec un réel optimisme. Le document de congrès exprimait une certaine prise de conscience de la crise que traversait notre confédération. Des résolutions proposaient des solutions concrètes pour répondre à cette crise.
Malheureusement, la majorité des militants, des syndicats et des responsables de fédérations et d’UD ne se sont pas emparés de ces résolutions.
C’est une toute autre politique qui a été suivie, la politique de l’autruche !
Une prise de conscience superficielle
Le 48ème congrès avait tiré un bilan de la fragilisation de nos Unions Locales. Le 49ème congrès faisait le même constat pour la majorité des syndicats CGT. Cette prise de conscience était d’autant plus importante que notre organisation était sur le point, comme chacun le savait, d’engager une bataille fondamentale, celle des retraites. Ainsi les deux derniers congrès confédéraux avaient marqué une véritable avancée dans le constat.
On pouvait donc s’attendre à ce que nos structures se réorganisent rapidement pour se préparer à la bataille. L’urgence était donc à programmer les assemblées générales ou les congrès de syndicats (résolution 4 du dernier congrès). C’était l’occasion d’unifier cette multitude de petits syndicats désorganisés et isolés dans des syndicats professionnels locaux bien plus forts. C’était l’occasion de les impliquer dans leur Union Locale et donc préparer la future mobilisation dans les territoires. C’était l’occasion de reformer des équipes militantes soudées, fonctionnant réellement sur une base collective. C’était surtout l’occasion de se rappeler que la CGT n’a jamais eu vocation à s’enfermer dans le syndicalisme d’entreprise. Bref c’était l’occasion de regrouper ses forces, de les réorganiser en vue d’une bataille de classe fondamentale.
Rien de tout cela ne fut fait ! La défaite était donc programmée.
La grève est ainsi restée isolée, là où il existait des syndicats réellement implantés. Ailleurs, la grève fut un mythe, les manifestations rassemblant des travailleurs en RTT, en heures de délégations, en congés ainsi que des étudiants et des retraités. Les cortèges étaient imposants mais ne regroupaient que des individus non organisés car non confédérés. Or une grève générale c’est tout l’inverse d’une masse de protestataires désorganisés.
La CGT sous-traite sa stratégie aux politiciens
Malgré l’évidence de nos carences pour gagner une bataille revendicative essentielle, la CGT continua alors de fonctionner comme avant. Chacun se replia sur la petite routine de son mandat syndical et de ses institutions représentatives du personnel.
Aucun bilan ne fut donc tiré de la défaite des retraites. Ce qui aurait permis un débat sur la stratégie des luttes : comment faire pour gagner la prochaine fois ? Quels outils syndicaux nous font défaut ? Et maintenant nous sommes face à une nouvelle vague de licenciements, de désespérance, et d’austérité et nous n’avons fait aucun pas en avant !
Les résolutions du 49ème congrès furent vite oubliées et la nouvelle actualité fut imposée par les échéances politiciennes. La précipitation à soutenir des candidats à l’élection présidentielle fut d’autant plus importante que chaque syndicat était dans l’incapacité de produire lui-même une réflexion politique. Quand l’organisation syndicale ne réfléchit plus, elle est automatiquement attirée par les démagogues.
On assista donc à un grand moment de bouffonnerie. Des syndicalistes qui font campagne pour des gens qui sont sensés représenter le monde du travail, en l’occurrence des candidats qui ont du travailler 6 mois dans leur vie !
Comment est-on tombé aussi bas ? Tout simplement parce que nous avons abandonné cette culture du travail qui était le ciment idéologique de la Confédération Générale du Travail depuis ses origines. La CGT représentait le monde du travail face aux parasites. Elle collectivisait les connaissances des producteurs. Ces connaissances devaient permettre de transformer les rapports de production, c'est-à-dire de permettre aux travailleurs de gérer les usines et les services.
Aujourd’hui cette dignité ouvrière est abandonnée. On préfère soutenir la campagne électorale d’un énarque ou bien celle d’un vieux sénateur social-démocrate pris d’une subite hystérie gauchiste. Les militants de la CGT ne croient plus en eux-mêmes, ne croient plus en leur classe. Ils en sont réduits à aller demander à des notables de changer la société à leur place.
Après les élections bourgeoises, les élections confédérales !
Certains responsables eurent le courage d’exprimer des doutes sur la « gouvernance » confédérale. Des responsables d’Unions Départementales et de Fédérations soulignèrent que
les modalités de décisions respectaient de moins en moins le fédéralisme. Que le Bureau confédéral était sous la pression permanente de « conseillers » et « d’experts » qui n’avaient pas été élus par les structures légitimes.
Cette petite caste menacée fit alors tout son possible pour imposer la désignation comme prochain(e) successeur de Bernard Thibault d’une personnalité docile. La majorité des Unions Départementales et des Fédérations refusa ce passage en force.
On aurait pu penser que ce conflit allait redonner une culture du débat et de l’autocritique dans nos rangs. Ceci n’est malheureusement pas le cas. Quelques promesses ont été faites discrètement sur les pratiques démocratiques de la future « direction » confédérale. Ces promesses ont servi à rassurer bien des UD et des Fédérations et à présenter une unité de façade lors d’un dernier CCN décisionnaire sur la succession. Ce ralliement fut certainement trop précipité car des responsables nationaux, jugés pas assez dociles, ont été entre temps évincés.
Nous nous inquiétons du poids grandissant des opportunistes qui ne pensent qu’à se placer en échange d’une extrême docilité. Ce ne sont pas les seuls à avoir gravi les échelons confédéraux en s’appuyant plus sur leur soumission que sur leur expérience syndicale. Mais l’augmentation de ce type de responsables a pour conséquence de désorganiser la maison confédérale, de rendre des structures totalement inefficaces car gérées par des incompétents notoires.
Nous nous inquiétons également de la stratégie de repli de nombreuses UD et Fédérations sur le champ territorial ou professionnel. Les forces centrifuges deviennent très fortes et la démoralisation et le repli sur soi créent une atmosphère de tensions internes et de conflits entre de nombreuses structures.
L’urgence est de relancer le débat stratégique dans la confédération. Non pas par la polémique et par l’insulte, mais en renouant avec le débat fraternel à tous les niveaux de l’organisation.
Retrouver nos repères et nos outils syndicaux
Le 50ème congrès doit être tout sauf une commémoration ou un congrès de façade ne servant qu’à introniser un nouveau secrétaire général. L’état de santé de la confédération nous apparaît tellement préoccupant qu’il n’est pas possible de persévérer dans la politique de l’autruche.
Or les documents de congrès vont bel et bien dans ce sens. Les textes se satisfont de « l’évolution » de la CGT et se limitent à proposer d’intensifier les efforts. Nous pensons au contraire que la CGT doit réaliser sa révolution interne en sortant de sa routine.
La CGT continue de se retrancher sur ses bastions traditionnels avec pour seuls outils de défense les statuts et l’Etat providence. Malgré les beaux textes votés en congrès, la majorité des militants se refuse à voir la réalité du salariat du XXIème siècle. Les salariés des grandes entreprises et des services publics sont désormais très minoritaires. La défense du statut est perçue comme un mot d’ordre dépassé, lié aux « Trente Glorieuses » (1945-1975). Cela ne correspond pas au vécu des jeunes travailleurs. Ce statut (celui de la fonction publique comme celui des grandes entreprises ou des services publics qui ont été nationalisés) ne peut plus être défendu comme il l’a été jusqu’aujourd’hui : ni avec les mêmes arguments ni avec les mêmes perspectives.
Cette déconnexion d’avec la réalité inquiète les responsables CGT et les empêche d’aller à la syndicalisation de la jeunesse. La campagne pour les TPE en a été la démonstration. Dans les grandes UD, aucun effort réel n’a été entrepris dans ce sens, malgré les beaux discours sur la jeunesse, le salariat féminin, la précarité, etc.
Cette incapacité à s’adresser au « nouveau » prolétariat vient d’un problème d’organisation. Pendant les « Trente Glorieuses », la CGT s’est réorganisée sur la base du syndicat d’entreprise. Elle s’est donc focalisée sur le salariat à statut en laissant de côté le reste du salariat. Elle a donc marginalisé les conventions collectives au profit des statuts et des NAO.
Mais depuis les années 1970 la bourgeoisie a changé de mode de gestion de la main d’oeuvre. Selon le modèle toyotiste, elle a explosé les équipes de travail en développant la filialisation, l’externalisation, la sous-traitance, l’intérim, le salariat détaché et les contrats précaires.
Dans la CGT, les syndicats d’entreprise ont été créés avec l’illusion que la majorité des travailleurs allait intégrer les services publics ou une grande entreprise. C’est tout l’inverse qui s’est produit ! Les syndicats d’entreprise ne sont donc pas en capacité d’intégrer les jeunes travailleurs à la CGT. La CGT est une véritable passoire où ce salariat adhère et s’en va sans pouvoir s’impliquer dans la vie de l’organisation. Et les cas ne sont pas rares où ce salariat n’arrive même pas à se syndiquer à la CGT !
Le rapport d’activité (page 12) n’hésite pas à détailler cette réalité. Sur les 2 778 adhésions individuelles réalisées sur le site confédéral, seuls 400 de ces nouveaux adhérents ont pu trouver un syndicat d’accueil ! Comment expliquer une telle situation alors que le 49ème congrès avait décidé que chaque syndicat devait tenir un congrès ou une assemblée générale afin de définir son champ de syndicalisation (resté limité à une entreprise ou élargir les adhésions au-delà de l’entreprise) avant décembre 2011 !
Très peu de syndicats ont appliqué les décisions de congrès. La raison est évidente : la grande majorité des 24 000 syndicats de la CGT (pages 13 : « 50% des bases ont moins de 10 syndiqués ») n’ont même plus les forces ou le savoir-faire pour convoquer une assemblée générale. La plupart n’ont plus aucune activité collective et se limitent à envoyer des élus aux réunions DP et CE, sans les mandats du peu d’adhérents qui restent.
Tout le monde le sait, mais c’est encore la même politique de l’autruche.
Car les UD et les Fédérations avaient également la responsabilité d’aider à l’organisation de ces congrès et assemblées générales. Quelles sont celles qui ont réellement appliqué le mandat ?
Les constats faits aux 48ème et 49ème congrès confédéraux étaient primordiaux. Quand donc les points d’étape ont été sérieusement faits et débattus par les deux organismes directeurs principaux de la CGT que sont la direction confédérale (la CE) et le CCN ? Quand donc la sonnette d’alarme a été tirée et l’implication de tous ces dirigeants exigée pour l’application des importantes résolutions sur les syndicats votées au 49ème congrès ? Voilà le principal bilan de la direction confédérale sortante ainsi que celui de nombreuses directions de fédérations et d’UD.
Pourtant, dans les Fédérations du Commerce-Services et de la Construction-Bois-Ameublement, les expériences de syndicats professionnels et de site ont été couronnées de succès.
Ailleurs, on se retrouve donc dans la situation de 2009 avec une CGT passoire, avec 80 000 adhérents de la CGT qui n’ont pas de syndicats, c’est à dire ne sont pas syndiqués ! On nage en plein délire et cela ne choque personne au quotidien et on continue de nous parler de syndicalisation, de qualité de vie syndicale, de la perspective du million de syndiqués, etc.
On marche sur la tête. Et c’est cette mascarade que nous propose le document d’orientation.
Le 50ème congrès : reconstruire la CGT par le bas
Alors oui on pourrait se limiter à dénoncer l’orientation politique de la CGT ou attaquer violemment la « bureaucratie ». On pourrait se faire plaisir comme malheureusement beaucoup de camarades « oppositionnels » le font.
Mais la situation nous apparaît trop grave pour perdre notre temps. Car tous ces discours radicaux n’ont aucun sens tant que la CGT ne retrouvera pas un fonctionnement
démocratique et fédéraliste, c’est à dire si ces débats sont réellement portés par les syndiqués et non pas par une poignée de dirigeants.
Cette « qualité de vie syndicale » n’est possible que si elle repose sur des syndicats qui fonctionnent. C’est à dire des syndicats qui ont assez de militants formés pour animer de vrais bureaux, de vraies commissions exécutives, de s’investir dans leur UL-UD et dans l’activité de leur fédération, mais aussi de débattre de stratégie et donc de définir un projet de société.
Nous le disons clairement : 6 délégués et 4 adhérents dans une entreprise, ça ne s’appelle pas un syndicat mais une amicale ! De quelles forces dispose-t-on dans cette situation ? La politique se limite à parler des problèmes de la boite et de temps à autre, de citer Che Guevara, Melenchon ou Besancenot pour se faire plaisir. Mais personne n’est dupe, on se limite en fait à résister à son patron sans vraiment remettre en cause la gestion patronale, ni dans l’entreprise, ni au niveau de la société capitaliste.
Cette capacité à combattre le capitalisme, à définir une stratégie à partir d’un projet de société, on ne l’obtient qu’avec un puissant syndicat réellement intégré à ses UL-UD et à sa fédération. C'est-à-dire un syndicat en situation de mener véritablement une politique offensive.
Cette contradiction est flagrante dans le travail réalisé par des syndicats, des UL, des UD et des fédérations sur la question industrielle. Ce travail riche et important a mis en lumière le manque de coordination entre toutes ces structures, la réelle difficulté à y impliquer les syndiqués. Or les propositions avancées ne passeront pas le cap du papier si elles ne rencontrent pas les outils syndicaux adaptés pour passer à l’offensive comme nous y invitent ces mêmes propositions. Elles ne pourront pas modifier le réel. C’est l’outil qui manque à l’esprit de la démarche engagée contre la désindustrialisation.
Depuis les années 1920 nous sommes pollués par l’idéalisme, c'est-à-dire par la croyance que la politique se mène principalement au niveau des idées : c’est à celui qui saura le mieux manier les mots, les concepts, les brillantes analyses, etc.
Comme les fondateurs de la CGT, nous pensons tout l’inverse. Nous sommes des matérialistes et nous estimons donc que les idées sont le produit des conditions matérielles. Une organisation qui dysfonctionne ne peut produire que des réflexions qui manquent d’impact social réel, c'est-à-dire qui ne modifient pas réellement le rapport des forces. Quand des idées justes s’emparent des travailleurs, que ceux-ci se les approprient alors ces idées deviennent des forces matérielles, des forces réelles qui changent la société et donc les conditions de vie des travailleurs.
Le problème fondamental de la CGT ne réside pas dans ses idées (ses revendications, ses arguments, etc.). Il réside dans le fait que la désorganisation, la faiblesse des structures syndicales et leur décalage face à la réalité du prolétariat (constats faits lors du 49ème congrès) font que ces idées ne peuvent se transformer en force matérielle agissante sur la réalité sociale vécue par les travailleurs. Nous n’avons pas, nous n’avons plus, l’outil suffisamment efficace pour cela. C’est ce qui explique la pauvreté des débats dans notre confédération. Cela devrait tracer la feuille de route de toute direction syndicale dans la CGT : du syndicat, de l’UL, de l’UD, de la fédération, de la confédération.
Ceci est vrai pour la stratégie, la réflexion, l’organisation et la vie démocratique de la confédération. La maison confédérale ne repose pas sur la personnalité de quelques grands dirigeants, comme les médias bourgeois tentent de nous le faire croire. La maison confédérale repose sur ses fondations : les syndicats confédérés.
Si les syndicats sont fragiles et instables, comme c’est actuellement le cas, les fondations s’affaissent. Elles emportent avec elles les piliers (les UL, UD et fédérations) et la maison confédérale.
C’est cette situation matérielle que nous constatons dans notre action quotidienne. Très peu de structures fonctionnent convenablement, à tous les niveaux.
La priorité est à l’application des décisions prises au 48ème congrès (renforcer les UL) et surtout du 49ème congrès (concernant les syndicats).
Nous devons stabiliser et renforcer nos fondations. C’est cela « reconstruire la CGT par le bas ». C’est cela qui lui garantira de garder son caractère de classe. La richesse et la tradition militantes dans la CGT sont des atouts d’une grande valeur pour y arriver.
Nous appelons tous les militants de la CGT à se poser, à réfléchir sans faux fuyant à l’état réel du prolétariat, à l’état réel des outils syndicaux où ils militent, à débattre collectivement maintenant, sans tarder, à cela. Car là résident selon nous les coordonnées principales de l’issue de la lutte des classes. Si ce travail collectif de réflexion et d’action pour « reconstruire notre CGT par le bas » est vraiment engagé, alors oui, la peur va changer de camp !
Nous appelons donc tous les militants de la CGT à faire respecter les décisions de congrès, c'est-à-dire à convoquer des assemblées générales ou des congrès de réorganisation de leur syndicat. L’urgence est à sortir du syndicalisme d’entreprise, de s’ouvrir sur le reste de la classe, c'est-à-dire à reconfédérer son syndicat dans la CGT. Que ce 50ème congrès soit le moment de dire « stop ! Maintenant sortons de l’impasse ».
Comités Syndicalistes Révolutionnaires (CSR)
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pris sur le site http://communisteslibertairescgt.over-blog.net


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